Aide-toi, le ciel t’aidera - La critique

Cette comédie dramatique rocambolesque, véritable hymne à la diversité dans une France qui n’assume pas toujours ses couleurs, est l’occasion formidable de retrouver Félicité Wouassi dans un rôle en or.

L’argument : Sonia, jeune femme immigrée d’origine africaine, est mariée et mère de 4 enfants. C’est le jour du mariage de sa fille aînée et rien ne se passe comme prévu. Son seul recours : Robert, un aimable vieillard qui habite sur le même palier qu’elle.

Notre avis : Félicité Wouassi est enfin de retour au cinéma dans un rôle sublime que lui a taillé François Dupeyron (Drôle d’endroit pour une rencontre). Vingt ans après avoir incarné l’héroïne de Black mic mac, l’actrice se retrouve dans la peau de Sonia, personnage iconoclaste, emblématique de ces innombrables femmes qui portent à bout de bras leur famille, notamment en banlieue parisienne où le cinéaste a planté sa caméra. Cette vision contemporaine de la mère courage (quatre enfants, tout de même), souligne un combat sur tous les fronts. Entre les déboires de son fils délinquant, le mariage de sa fille, et son emploi d’aide familiale, son parcours s’assimile à une course d’obstacles placée sous le signe de la précarité. Au-delà de ce portrait sans faux-fuyants d’une France colorée, Dupeyron élargit sa peinture de l’exclusion avec l’employeur octogénaire qu’incarne Claude Rich, un homme au soir de sa vie sous l’emprise d’émotions inavouables, qui devient le confident de Sonia. Les scènes entre les deux comédiens, d’une grande intensité, dispensent une belle émotion, par le regard, les non-dits et donnent au cinéaste l’opportunité d’évoquer la solitude et le sentiment d’abandon qui frappent les personnes âgées, dans le cadre symptomatique de la canicule de 2003.
Au final, Aide-toi, le ciel t’aidera est un témoignage poignant sur l’Hexagone des exclus, filmé au plus près, sans caricature, à travers des situations rocambolesques et un dénouement inattendu. c’est aussi une fiction où les seconds rôles sont aussi soignés que les premiers, comme pour signifier l’importance de ces Français que certains aiment qualifier, pour les dénigrer de seconde zone. Ici, tout au contraire, ils en sortent magnifiés. Une œuvre tout simplement essentielle.