Au nom du père
Le 12 octobre 2011
Une thérapie filiale, impudique mais pas malsaine, qui élargit son propos de départ à des réflexions universelles sur les devoirs de la paternité et les limites de l’individualisme libertaire hippie.
- Réalisateur : Kaleo La Belle
- Acteurs : Cloud Rock La Belle, Kaleo La Belle
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Américain, Suisse
- Date de sortie : 12 octobre 2011
- Plus d'informations : Le site officiel du film
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– Durée : 1h35mn
– Titre original : Beyond this place
Une thérapie filiale, impudique mais pas malsaine, qui élargit son propos de départ à des réflexions universelles sur les devoirs de la paternité et les limites de l’individualisme libertaire hippie.
L’argument : A 70 ans, Cloud Rock est un personnage hors norme. C’est un hippie de la première heure, un de ceux qui n’a jamais renoncé à son idéal : prendre des drogues, être libre, individualiste, connecté avec l’univers. Ses deux grandes passions sont la marijuana et le vélo. Kaleo a 35 ans. Kaleo est le fils de Cloud Rock. Il n’a vu son père que deux fois depuis l’âge de 3 ans. Un jour, Cloud Rock envoie une lettre à Kaleo et lui propose de faire une randonnée cycliste dans la région du volcan Mont Saint-Helens, entre Seattle et Portland. Un moyen de (re)nouer les liens entre père et fils. Une randonnée pour remonter le temps d’une époque, de l’épopée des mouvements hippies des années 60 et 70. Une manière forte de revenir sur des questions essentielles : la parentalité et ses responsabilités.
Notre avis : C’est un film qui va bien au-delà du cinéma. Une histoire personnelle et intime, filmée comme une thérapie, offerte à notre réflexion pourtant étrangère a priori à ce psychodrame familial. Kaleo La Belle a choisi courageusement de mettre en scène sa réunion avec ce père qu’il a tant aimé et tant détesté au cours de ces 35 dernières années. Par le biais de sa caméra, qui est autant une arme d’attaque que de défense, il scrute cet homme auquel il est lié par le sang, et dont il est apparemment le portrait craché, mais qu’il ne connaît pas. En se lançant dans cette aventure, à la fois éprouvante physiquement et moralement, Kaleo a sans doute voulu faire le procès de ce père absent et individualiste, et au-delà, d’une génération qui s’est sciemment déconnectée d’une réalité aliénante. Le film pose naturellement les bonnes questions : la liberté absolue existe-t-elle ? Quel est le prix à payer pour y accéder ? Est-elle seulement souhaitable ? Autant d’interrogations qui font basculer l’expérience dans une réflexion universelle et, osons le dire, philosophique.
La grande force du film vient du fait que, malgré une caméra subjective, le « procès », lui, reste impartial. C’est pour cette raison que notre position de simple spectateur n’est jamais inconfortable face à ce grand déballage qui relève de la vie privée des deux protagonistes. A aucun moment nous n’avons l’impression d’être pris dans un piège voyeuriste. Kaleo, malgré son ressentiment palpable, a l’intelligence de laisser le spectateur juger en son âme et conscience car il sait pertinemment qu’aucune vérité définitive ne pourra expliquer ni le comportement de son père ni ce sentiment d’attraction/répulsion qu’il éprouve à son égard. Il faut dire que ce sentiment, nous le ressentons également tant ce Cloud Rock est un sacré personnage, au sens cinématographique du terme. Il y a du David Carradine dans ce visage buriné qui se cache derrière un sourire gêné à la fois désarmant et agaçant. Une figure paternelle qui s’excuse (un peu) et se justifie (beaucoup), dans laquelle bon nombre y retrouveront sans doute des airs de ressemblance avec leur propre univers intime. Finalement, en réglant ses comptes, Kaleo La Belle nous aide à solder les nôtres. Bien au-delà du cinéma.
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