Critique

CINÉMA

Je demande la parole - la critique du film

Soviet suprême

Le 17 août 2020

L’apparition de la couleur chez Panfilov coïncide avec un certain désenchantement face à la situation de l’URSS dans les années 70. Inna Tchourikova incarne encore une fois avec brio un personnage que le pouvoir éloigne des siens.

  • Claude Rieffel 9 novembre 2014
    Je demande la parole - la critique du film

    Les deux premiers films du tandem Panfilov-Tchourikova étaient portés par un sentiment d’euphorie lucide reposant sur un goût prononcé de l’expérimentation formelle et sur une empathie entre le cinéaste et l’actrice qui maintenait cependant un reste de distance étonnée face à l’étrangeté de ce visage atypique et de ces figures féminines déroutantes. Ici la part de cruauté dans le regard du cinéaste-spectateur est plus manifeste et Tchourikova/Ouvarova est souvent mise à l’épreuve de la durée du plan fixe, comme attendue au tournant. Le film, bien que plus long et plus lent, en acquiert une incroyable tension, une formidable énergie animée par une espèce d’humour désabusé. L’actrice est une fois de plus prodigieuse et défend bec et ongles un personnage que sa volonté de contrôle expose sans cesse au ridicule (la maestria assez dérisoire avec laquelle elle gère le problème de la fissure de l’immeuble dans la séquence de la noce). Parmi les moments les plus impressionnants de ce film captivant de bout en bout : la longue scène au chevet de l’ancien combattant où la chanson entonnée en choeur réveille l’écho d’un esprit révolutionnaire qui émeut mais semble flotter, sans prise sur le présent du réalisme sovietique des années 70 ; la confrontation à coups mouchetés, déguisée en flirt, de l’héroïne avec l’écrivain Fedia* dont la pièce a été censurée ; son visage défait, absent, à son retour de Moscou après que son projet de pont ait été reporté au prochain plan quinquennal.

    * Le rôle de l’écrivain est joué par Vassili Choukchine (ou Shukshin - Василий Шукшин), interprète de Khoutsiev, Barnet ou encore Askoldov, mort au cours du tournage en octobre 1945, d’où l’idée de transformer la deuxième confrontation en conversation téléphonique.

  • Claude Rieffel 9 novembre 2014
    Je demande la parole - la critique du film

    Les deux premiers films du tandem Panfilov-Tchourikova étaient portés par un sentiment d’euphorie lucide reposant sur un goût prononcé de l’expérimentation formelle et sur une empathie entre le cinéaste et l’actrice qui maintenait cependant un reste de distance étonnée face à l’étrangeté de ce visage atypique et de ces figures féminines déroutantes. Ici la part de cruauté dans le regard du cinéaste-spectateur est plus manifeste et Tchourikova/Ouvarova est souvent mise à l’épreuve de la durée du plan fixe, comme attendue au tournant. Le film, bien que plus long et plus lent, en acquiert une incroyable tension, une formidable énergie animée par une espèce d’humour désabusé. L’actrice est une fois de plus prodigieuse et défend bec et ongles un personnage que sa volonté de contrôle expose sans cesse au ridicule (la maestria assez dérisoire avec laquelle elle gère le problème de la fissure de l’immeuble dans la séquence de la noce). Parmi les moments les plus impressionnants de ce film captivant de bout en bout : la longue scène au chevet de l’ancien combattant où la chanson entonnée en choeur réveille l’écho d’un esprit révolutionnaire qui émeut mais semble flotter, sans prise sur le présent du réalisme sovietique des années 70 ; la confrontation à coups mouchetés, déguisée en flirt, de l’héroïne avec l’écrivain Fedia* dont la pièce a été censurée ; son visage défait, absent, à son retour de Moscou après que son projet de pont ait été reporté au prochain plan quinquennal.
    * Le rôle de l’écrivain est joué par Vassili Choukchine (ou Shukshin - Василий Шукшин), interprète de Khoutsiev, Barnet ou encore Askoldov, mort au cours du tournage en octobre 1974, d’où l’idée de transformer la deuxième confrontation en conversation téléphonique.

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