Arkham Asylum
Le 3 décembre 2014
Cette plongée dans l’univers de Lovecraft maquillée en adaptation d’Edgar Allan Poe constitue l’un des films les plus marquants de la très vaste filmographie de Roger Corman.
- Réalisateur : Roger Corman
- Acteurs : Vincent Price, Lon Chaney Jr, Debra Paget, Leo Gordon
- Genre : Fantastique, Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h27mn
- Titre original : The Haunted Palace
- Date de sortie : 3 juin 1970
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– Année de production : 1963
Cette plongée dans l’univers de Lovecraft maquillée en adaptation d’Edgar Allan Poe constitue l’un des films les plus marquants de la très vaste filmographie de Roger Corman.
L’argument : Un sorcier lance une malédiction sur un groupe de villageois. Des années plus tard, l’un des descendants du sorcier revient dans le village maudit.
Notre avis : Surtout connu pour ses productions de série B ou Z rarement recommandables telles que le superbement nommé Sharktopus vs. Pteracuda, Roger Corman est cependant un grand nom du cinéma américain. Premièrement, car il est un découvreur de talent qui a marqué le septième art : c’est chez lui que Scorsese, Cameron et Coppola (qui a participé à l’écriture du long-métrage qui nous intéresse) ont fait leurs débuts. Et deuxièmement, car il fut un temps où Corman était un réalisateur de films horrifiques soignés et à l’atmosphère gothique qui rivalisait facilement avec le meilleur des productions Hammer. Auteur d’une très bonne série d’adaptations d’Edgar Allan Poe dans les années 60 dont l’excellent Le Masque de la Mort Rouge, La Malédiction d’Arkham s’inscrit dans cette mouvance de manière fort étrange. Vaguement inspiré d’un poème de Poe qui donne son titre américain au film : The Haunted Palace, le titre français, est pour une fois plus proche de la réalité car il fait directement référence à l’inspiration littéraire de ce film : H.P. Lovecraft. Car il s’agit en effet d’une adaptation de L’Affaire Charles Dexter Ward, une des meilleures nouvelles de l’auteur. Et Corman n’hésite d’ailleurs pas à référencer de très nombreux aspects du mythe lovecraftien : la ville d’Arkham, le dieu Cthulhu, le livre maudit Necronomicon, tout est là... Ainsi, de façon paradoxe, La Malédiction d’Arkham est l’une des plus fidèles adaptations de Lovecraft, auteur régulièrement trahi au cinéma, quand bien même le film se prétend inspiré de Poe.
Mais ce qui fait de ce film une adaptation réussie c’est avant tout le mythique Vincent Price qui livre ici une performance mémorable. Dans le double rôle de Charles Dexter Ward et de son ancêtre maléfique Joseph Curwen, il est tantôt plaisant et charismatique, tantôt merveilleusement maléfique. Roger Corman a d’ailleurs fait fort au niveau du casting qui regorge de seconds couteaux légendaires du cinéma d’horreur américain dont notamment le génial Lon Chaney Jr, le fameux Wolf Man de la Universal dans les années 40, ici plus inquiétant que jamais. Il est accompagné par un ensemble génial : de la superbe Debra Paget en passant par les charismatiques Frank Maxwell et Leo Gordon.
Roger Corman est également au top de sa forme dans La Malédiction d’Arkham qui brille par son ambiance typique du cinéma horrifique d’antan qui a toujours autant de charme et procure encore quelques frissons. La ville éternellement brumeuse d’Arkham, tout comme son cimetière surréaliste, ont probablement marqué l’imaginaire d’un jeune Tim Burton. Le visuel du film est resplendissant, accentué par la photographie de Floyd Crosby. Tout est là pour nous offrir un cocktail d’épouvante sixties parfaitement réalisé : un soupçon d’érotisme, une bande-son dramatique aux leitmotivs répétés régulièrement et quelques superbes matte paintings qui compensent les décors trop peu nombreux. Car malheureusement le film souffre très visiblement d’un manque de moyens que la bonne volonté de Corman et de son équipe n’arrivent jamais à véritablement compenser. Il en résulte quelques maquillages grotesques et une créature finale sensée effrayer mais qui procure surtout l’hilarité. Il est bien regrettable que le réalisateur insiste à nous monter ce monstre inanimé à plusieurs reprises quand bien même tous les récit de Lovecraft insistent sur le fait que les inquiétants dieux anciens qu’il dépeint sont impossibles à interpréter par l’œil humain. Un petit bémol lors d’une conclusion qui s’éternise malgré la courte durée du film. Malgré ces défauts, La Malédiction d’Arkham reste parfaitement recommandable pour les amateurs de séries B à l’ancienne qui trouveront là une solide adaptation des cauchemars éveillés du grand H.P. Lovecraft.
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