Entrechats
Le 11 janvier 2006
Un demi-siècle de déni d’une homosexualité qui dérange. Veronika Minder dresse le tableau et donne la parole aux lesbiennes.
- Réalisateur : Veronika Minder
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Suisse
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– Durée : 1h27mn
– Titre original : Katzenball
Un demi-siècle de déni d’une homosexualité qui dérange. Veronika Minder dresse le tableau et donne la parole aux lesbiennes.
L’argument : Les femmes attirées par d’autres femmes existaient bien avant qu’on en parle. Ces aimants contrariés ont dû faire face à leur regrets pour correspondre à leur époque. Certaines ont attendu l’âge mûr pour parvenir à s’affirmer. Issues de différentes générations et représentantes du milieu lesbien suisse, cinq d’entre elles partagent leur vécu. Collage de récits, anecdotes personnelles et documents historiques proposent un éclairage sur le fait bien étrange de se sentir différent(e).
Notre avis : C’est autour de cinq femmes que va s’articuler le travail de Veronika Minder. Cinq femmes de générations et d’univers différents qui ont en commun leurs amours féminines. Des amours différemment vécues, différemment perçues, différemment ancrées dans le contexte social, et en particulier dans leur relation avec le féminisme. C’est bien là que s’éprouve le fossé des générations, dans cette lutte pour la reconnaissance d’une existence qui, aujourd’hui, semble un peu moins contestée. Dans ce combat qui fut celui de Johanna, née en 1912, les aspirations des lesbiennes se sont confondues avec celles des femmes, avec une revendication qui primait sur toutes les autres : être reconnues, "être prises au sérieux", dit Johanna. Comment vivre des histoires d’amour quand cet amour-là, aux yeux du monde, n’existe pas ?
Johanna parle en suffragette d’une époque où les femmes avaient tout à construire, à commencer par leur identité. D’autres ont dû ferrailler pour imposer leur choix, mais se sont débattues, finalement, dans une société en marche où la lutte ne venait pas d’aussi loin. Moins militantes, moins politisées que Johanna, elles parlent davantage de leur désir, de leur dégoût du corps des hommes, de leurs craintes d’être mises à l’écart, discriminées, parce qu’elles savent aussi que rien n’est acquis et que tout combat pour la liberté et la tolérance est sans cesse à recommencer. Samira, la cadette, a vingt-cinq ans et un vécu radicalement opposé. Plus guère de traces de revendications dans un discours presque normatif, glorifiant la vie de couple et le désir d’enfant qu’elle aura, dit-elle, avec un homme.
Veronika Minder frappe large, et un montage très tonique entrecoupe les témoignages d’extraits de films ou d’actualité d’époque. Un foisonnement d’images et de rythmes qui nuit à la force de son propos et, à vouloir tout dire, affaiblit un peu la démonstration. Le bal des chattes sauvages touche pourtant à travers les paroles et surtout les silences de ces femmes. Une souffrance qui perce souvent, née d’une solitude douloureuse, d’une image sociale difficile à assumer, d’un désir de normalité dans le regard des autres, voire peut-être d’une quête d’indifférence.
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