Inconsolable
Le 4 février 2003
Morceaux épars d’un petit garçon en mal d’amour maternel.
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Quelle malédiction a entouré la naissance du narrateur pour provoquer les larmes de sa mère, ce "flux effrayant" ? Pourquoi l’a-t-elle toujours traité différemment de ses deux frères aînés ? Michel Layaz pose son regard sur les objets d’une enfance douloureuse qu’il reconstruit par courtes saynètes, réminiscences d’une trottinette, d’une poêle à frire, d’un mouchoir, d’un bouchon ou d’un morceau de verre. Inventaire fragile, morceaux épars, d’un petit garçon incapable, dans sa candeur puérile, d’interpréter le comportement maternel : brusquerie, cruauté larvée, paroles blessantes. Se faisant violence pour faire plaisir, être cet enfant autre et irréprochable. Et qui, pour attirer l’attention sur une souffrance qu’il ne parvient à nommer, "tout lui dire sans rien lui révéler", n’a à sa disposition que des gestes symboliques, frêles et émouvants subterfuges, souvent inconscients, jamais traduits par celle à laquelle ils s’adressent.
Aux larmes de la mère font écho les sanglots retenus du narrateur adulte, dessinant en creux le portrait d’une femme en mal de fille, qui n’aime son petit garçon que quand il est - ou plutôt quand il se force à être - ce qu’il n’est pas. Histoire d’une névrose ordinaire et tragique que Michel Layaz aborde d’une écriture tendue à l’extrême. Son texte, baigné de grâce poétique, revêt d’un chant d’amour celle qui l’a banni. Les mots longtemps enfouis enfin carillonnent, lucides, souvent empreints d’une cocasserie ténue, comme pour tenir à distance l’inconsolable chagrin du mal-aimé.
Michel Layaz, Les larmes de ma mère, Zoé, 2003, 158 pages, 17 €
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