Lune de Sang . T1, T2, T3 - la chronique BD

Résumé  :

L’histoire démarre avec le drame qui frappe la jeune Lycéenne Chyia : une agression nocturne par un étrange chien sauvage dont elle se sortira avec quelques blessures et de vagues souvenirs que sa mémoire perturbée a du mal à rassembler. Mais qu’est-il advenu de son ami, Atsuya, qui l’accompagnait ? Chyia a en réalité été le témoin d’une scène macabre de meurtre. Mais de quoi ? Par qui ? Serait-ce lié à Sakuya, cette nouvelle élève qui vient de s’inscrire dans le lycée d’Ogisaki ?

Notre avis :

Attention, cette histoire va vous surprendre. Probablement pas par son intrigue de fond, une chasseuse de loup-garous mais plus par ses rebondissements multiples - souvent attendus dans des séries pour faire durer le plaisir et donner l’envie au lecteur de revenir - et pour le coup, parfois bien surprenants. Il va donc être dur de vous parler de ces trois premiers tomes sans rien vous dévoiler de l’intrigue générale. Oui, nous croyons qu’il serait bien que vous ayez l’esprit ouvert en lisant le premier tome !
Néanmoins, nous pouvons vous dévoiler que cette intrigue tourne autour de loups-garous, appelés possédés, perdant rapidement le contrôle de leurs actes pour commettre les pires bestialités dont entre autres dévorer de l’humain. Inutile de vous préciser que nous sommes bien loin du gentil Jacob de Twilight.
Pour arrêter ces monstres bestiaux assoiffés de sang, une solution, Sakuya Sakupon ! Armée de son épée magique, et de bien pire encore, la jeune lycéenne essaye de « pacifier » ces chiens possédés. Mais est-elle vraiment à l’abri de la malédiction qui court dans la région ?

Au fur et à mesure de la lecture des trois tomes, vous plongerez dans cet univers morbide où les garous affamés n’hésitent pas à croquer un morceau de cuisse de lycéenne avant la sieste. Malgré l’horreur et la tension bien présente – qui vient mourir ce soir ? - l’humour est aussi de mise dans cette série. En tout cas, pour l’instant... D’une part, la présence de la jeune Yae, servante de longue date de la famille de Sakuya, gaffeuse à temps partiel et d’autre part, par ce petit comique de situation que l’on retrouve dans certains passages, dans les relations humaines qui s’installent entre les différents personnages.

Sans oublier les doubles dernières pages de chaque album où l’auteur se parodie lui-même dans des situations étranges et souvent drôles.
Mais si le rire est – légèrement - présent, c’est l’angoisse des nuits de lune qui prédomine. Les scènes d’action sont rapides (le plus souvent) et se résolvent par un bon coup de griffe ou de katana, au choix selon celui qui emporte le combat.

Dans le second tome, tout se complique et l’intrigue s’épaissit en se dénouant partiellement. Et c’est surtout là que l’héroïne va vivre un terrible drame – bien que son drame personnel, expliqué dans le premier tome, est assez fort mais cela ne suffisait visiblement pas à Maruyama Tomo, l’auteur – et affronter son dilemme. Enfin, elle devra gérer aussi le grand personnage qui manigance toute cette intrigue et qui se dévoile assez vite, dans une belle référence à Perrault.

Le tome trois ne ralentit pas la pression et en plus, il introduit de nouveaux personnages, tout en nous révélant certaines parties du passé de ceux que nous connaissons déjà. Le sang est toujours au rendez-vous et notre pauvre Sakuya va avoir fort à faire entre les possédés et les autres pacificatrices de son propre camp. Car au lieu de se serrer les coudes, ces gentilles – tout est relatif - tueuses de garous se tirent aussi dans les pattes. Le troisième tome nous montre aussi l’autre visage des garous et des pacificatrices et finalement, on en vient à se demander qui est du bon côté dans ce combat éternel des forces du prétendu bien contre celles du soi-disant mal !

Maruyama Tomo, non content d’assurer le scénario, prend aussi la plume pour dessiner ce manga. Personnages au trait typiques manga, version chibi parfois mais pas trop pour ne pas casser l’ambiance, décors très réalistes et nuit omniprésente, à juste titre, car elle est bien le cœur du drame, avec la sombre forêt.
Le noir et blanc est de mise pour l’ensemble des tomes, exception faite de la couverture.
Les personnages sont expressifs et le dynamisme explose à chaque combat.
Les combats rapides sont facilement lisibles. Et les enjeux montent rapidement. En effet, on pourrait facilement croire que Sakuya n’aura pas trop de mal à latter du possédé – si vous nous passer l’expression -, vu sa puissance mais des adversaires à sa mesure arrivent assez tôt. Et Tomo parvient très bien à donner aux possédés puissants – appelés « vieux Chiens » - des visages toujours loup mais assez typés pour qu’on les reconnaisse et surtout pour les rendre plus inquiétants que les possédés lambda.

Le découpage – des cases, pas des garous - alterne entre cases droites qui explosent soudain en cases toutes brisées pour l’action. Ce découpage offre aussi une petite particularité, en bas de chaque double page, s’impose souvent une petite case qui introduit la grande case qui va apparaître sur la page qui suit. Une belle astuce qui, malheureusement, se perd dans le troisième tome.
Le cadrage sait mettre le dynamisme des scènes d’action en avant mais il est aidé pour cela par les lignes de mouvement toujours très fortes dans ce type de manga d’action.

Lune de Sang démarre sur les chapeaux de roue. L’intrigue rebondit régulièrement mais la limitation d’âge est tout à fait justifiée non pas par l’ensemble du manga, mais plus par certaines scènes chocs qui pourraient heurter, comme on dit, la sensibilité des plus jeunes – et peut-être des moins jeunes aussi - . D’ailleurs, restreindre la lecture au moins de seize ans plutôt que moins de quinze ans, ça n’aurait pas choqué plus que cela.

Zéda tente d’aider Sakuya. Attention spoiler dans cette case !