Ma meilleure amie, sa soeur et moi - la critique

Porté de bout en bout par un excellent trio d’acteurs, Ma meilleur amie, sa soeur et moi est une comédie romantique peu convaincante comme il en existe tant d’autres.

L’argument : Jack est encore sous le coup de la disparition récente de son frère. Alors pourquoi ne pas accepter l’invitation d’Iris, sa meilleure amie, dans son chalet familial afin de passer une semaine seul à méditer sur sa vie ? Mais à son arrivée, Jack trouve la maison déjà occupée par Hannah, la soeur d’Iris, venue y soigner une blessure amoureuse. Après une soirée très arrosée suivie de l’arrivée inopinée d’Iris elle-même, le trio va aller de situations délicates en révélations inattendues...

Notre avis : Rongé par la médiocrité de productions à l’américaine, gangrené par la platitude de stéréotypes usés jusqu’à la corde, le genre de la comédie romantique stagne depuis des années dans les eaux croupies du reniement. Insuffler un peu de vie dans une réalisation sentimentale est un travail que l’on assimile sans mal au rocher de Sisyphe, et dont bon nombre de cinéastes ne savent se tirer d’une pirouette élégante. Ainsi, lorsque Ma meilleure amie, sa sœur et moi, s’annonce dans les salles obscures, la fleur au fusil, le spectateur las ne saurait montrer les meilleures dispositions du monde à l’encontre d’une nouvelle bluette.

Sous prétexte de se différencier de ses piètres camarades cinématographiques, le film emploie une filouterie tout aussi détestable que les blagues racistes ou les élans patriotiques que l’on doit souffrir dans les œuvres moins pompeuses. Il s’agit, bien entendu, de cette fibre affectées, soi-disant sensible, qui plaît davantage aux adeptes d’envolées guindées qu’aux amateurs de popcorns. Soyons plus explicites : Ma meilleure amie, sa sœur et moi est une production s’appuyant sur son label de film indépendant pour justifier un scénario absurde, des séquences affligeantes dans le genre duquel il se revendique (le nœud de l’intrigue résolu hors-caméra, le tout saupoudré de longues promenades sans dialogues et une musique guillerette en guise de cerise). Heureusement, le quotient sympathie des acteurs principaux, leur naturel et leur implication rendent le long-métrage plus digeste.
Les scènes d’improvisation de Ma meilleure amie, sa sœur et moi se démarquent comme les plus efficaces et les plus sincères. La composition des jeux de Rosemarie Dewitt, Mark Duplass et Emily Blunt résonnent à l’unisson comme une mélodie timide, mais juste. Cela s’explique notamment par l’implication des comédiens dans le processus de création de leurs personnages et de la grande liberté leur ayant été accordée par réalisatrice. Ainsi donc, s’il fait fi des invraisemblances et autres notes discordantes écorchant sa sensibilité, le spectateur peut se laisser bercer par ce sympathique ménage à trois. Même si l’on fait la grimace en entendant Jack déclamer un amour éternel à la belle Iris et témoigner d’un même élan d’une envie soudaine de paternité, on ne peut réprimer un sourire en notant la franchise avec laquelle celui-ci s’emporte.

Même si les thèmes de la fraternité, de l’amour ou encore la perte d’un être cher ne sont pas traités avec autant d’intensité qu’ils l’auraient mérité, l’invitation dans la sphère amicale du trio est une proposition qu’il est difficile de refuser. On se surprend même à trouver rafraichissante la présentation du film comme une pièce de théâtre tournée... Et surtout à envier le paysage splendide bordant la résidence secondaire où séjournent les acteurs !