No Pasaran - la critique

Premier film bourré de bonnes intentions, No Pasaran ne remplit pas toutes ses promesses mais se laisse regarder. La comédie se veut déjantée, mais manque trop de folie et de maîtrise pour convaincre pleinement.

L’argument : Maxence Lafourcade, célibataire tranquille, élève des cochons dans les Pyrénées. Sa vie bascule lorsqu’il apprend que la prochaine autoroute traversera ses montagnes, sa vallée, sa ferme, sa chambre !
Pour affronter le député maire cynique et son projet, il doit faire une alliance contre nature avec l’"Américain du coin".
Peter Konchelsky, avocat désabusé à la retraite, adopte la cause du fermier sous le regard étonné de Scarlett sa fille. Artiste excentrique, elle découvre en Maxence un modèle humain inattendu !
Se joignent à cette bande de "Résistants" : Inès écoterroriste toujours à la pointe du combat, Fabrice champion de l’équipe locale qui juge que son oncle le Maire a perdu "l’esprit rugby" et Bouzigue, cousin de Maxence qui craint de perdre les clients de sa station service...
"No Pasaran !"
Sortie en salles dans le Grand Sud-Ouest (Midi-Pyrénées, Aquitaine) et le Languedoc-Roussillon.

© Rezo Films
Notre avis : Avec son affiche stylisée et son sous-titre évocateur (’’Il était une fois dans le Sud-Ouest’’...), No pasaran ! s’annonce de prime abord comme une comédie explosive se nourrissant au western-spaghetti. Révolte des petits paysans contre les grandes forces politiques, prise des armes, révolutionnaires excentriques... même un duo d’Américains de pacotille, Stetson sur la tête (l’acteur-chanteur Murray Head et Elodie Navarre, imitant l’accent Yankee !), s’invitent au carnaval, au milieu d’une foule de personnages typés et en colère. Les petits nouveaux Eric Martin (satiriste issu de la presse et de Canal +) et Emmanuel Caussé (publicitaire) traîtent sur le mode comique un sujet plutôt politique loin d’être inintéréssant (les autoroutes construites en campagne, qui délogent les petits propriétaires et éborgnent les espaces naturels), mais peinent à doser la folie et l’énergie comique qu’ils voudraient déployer. Ainsi, malgré quelques tentatives de surréalisme (l’ours devant le feu rouge, l’Américaine nympho adepte d’art contemporain), l’ensemble se perd quelque peu entre pure loufoquerie et cri de rage militant, sans parvenir à trancher. Ainsi, plusieurs éléments de l’intrigue réjouissent, mais on regrette qu’ils soient laissés en friche, au profit d’autres moins séduisants (la satire pas très légère des hommes politiques corrompus). A quoi sert, par exemple, la présence de Rossy de Palma, à quoi sert-il de lui offrir un si beau personnage (une terroriste écolo déchaînée... et enchaînée) si c’est pour ne pas profiter de son indéniable potentiel comique et ne la laisser que quelques minutes à l’écran ?
© Rezo Films
Très écrite, la comédie en récolte les avantages et les inconvénients. Les avantages : quelques répliques bien senties, qui arrachent plus qu’un sourire. Les inconvénients : une regrettable perte de pepse et de rythme. Etrangement, l’un des reproches qu’on pourrait faire à ce premier film est de ne pas exprimer à fond toute sa folie (quand d’autres souffrent d’un excès de personnalité et d’un trop plein de frénésie). No pasaran !, quand il pourrait faire fructifier tous ses atouts comiques, a tendance à se freiner, s’empêche de respirer, se perd souvent en dialogues répétitifs qui ne font mouche que par intermittence. Mais on pardonne assez facilement ces défauts, vu le capital sympathie qu’il suscite et la conviction de sa (sara)bande de comédiens. Des plus confirmés (Bernard Blancan, Didier Pain, Elodie Navarre) aux plus méconnus (Cyril Lecomte), en passant par une flopée de non-professionnels qui sentent bon leur Sud-Ouest (les mamies à l’accent chantant), ils communiquent leur bonne humeur en tentant de nous convaincre. Et tant pis s’ils n’y arrivent pas toujours !

© Rezo Films