Le 10 décembre 2019
Dans la vallée de la Roya, les habitants prennent soin des migrants de passage. Un documentaire militant digne et nuancé.
- Réalisateur : Jean Boiron-Lajous
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Distributeur : Ligne 7, Docks66
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 18 décembre 2019
- Festival : Dok Leipzig
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Depuis la fermeture de la frontière entre la France et l’Italie en 2015, la vallée de la Roya est devenue le symbole de l’insoumission. Les migrants bloqués à Vintimille continuent de passer en déjouant barrages et contrôles, aidés par certains habitants de la vallée. Dans cette enclave où des migrants espèrent atteindre un avenir meilleur, la solidarité des habitants est devenue un acte de résistance. À travers le récit de celles et ceux qui sont dans l’illégalité pour faire respecter des droits fondamentaux, Paroles de bandits raconte l’histoire de ce territoire et de tant d’autres...
Notre avis : Dans la même veine que Le bel été de Pierre Creton sorti il y a quelques semaines, Paroles de bandits est un film politique autour de la question des migrants. Mais là où Pierre Creton signe une œuvre bucolique empreinte de mélancolie, Jean Boiron-Lajous prend l’option du documentaire, aussi escarpé que les sentiers montagneux qu’il emprunte. Dépouillés de parti pris et d’émotion, les témoignages de ceux qui accueillent et de ceux qui sont reçus tiennent avant tout à rendre compte d’une situation inextricable.
Serpentant au cœur du département des Alpes-Maritimes, de Vintimille en Italie au col de Tende en France et incluant des villages perchés et pittoresques comme Saorge, Sospel, La Brigue ou Breil sur Roya, la vallée de la Roya est une enclave qui a depuis toujours vu passer des milliers de personnes. Aujourd’hui, elle est le théâtre d’un jeu de cache-cache permanent entre les autorités des deux pays et ceux qui fuient la misère et la guerre, en quête d’une terre d’accueil.
- Copyright Ligne7/Docks66
Bafouant les droits les plus élémentaires des migrants et particulièrement ceux des mineurs non accompagnés, dont les intérêts sont garantis par la Convention Internationale des Droits de l’Enfance (signée par la France, comme par tous les autres pays européens), les autorités expulsent ces déracinés sans vergogne. Fiers d’exprimer leur désobéissance citoyenne pour compenser les carences de l’État, les habitants de la région, entre dérision et détermination, expliquent comment ils s’organisent pour nourrir, héberger, soigner, assister dans leur demande d’asile et transporter ceux qui errent sur les routes. Ce sens de l’entraide pourrait bien leur valoir d’être contrôlés et poursuivis d’une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison (plus que pour Cahuzac signale l’un d’eux) pour assistance à personne en situation irrégulière. Mais peu importe, tous affirment, à l’instar de Cédric Herrou, le militant pro-migrant français le plus actif, que l’on aperçoit au détour de quelques scènes, vouloir continuer à poursuivre leur idéal, loin de la violence des discours pro et anti-migrants véhiculée par les media, et malgré la création de nouveaux postes frontières autorisés récemment par l’Europe, dont l’inefficacité patente n’empêche ni les moments d’échange et de solidarité, ni la sérénité émanant de ces paysages grandioses.
- Copyright Ligne7/Docks66
Si le ton volontairement âpre et une mise en scène austère dérouteront les amateurs de lyrisme cinématographique, on ne peut que saluer cette fermeté du réalisateur à tourner le dos à toute idée de polémique. Bien au contraire, Parole de bandits a le cran d’envisager la réconciliation de deux théories, en apparence opposées, qui, par le biais d’un consensus entre le respect de la loi et le respect des droits fondamentaux, ne les rendrait plus si fermement incompatibles. Poursuivant sa quête optimiste d’un monde meilleur, l’homme-orchestre (Jean Boiron-Lajous est à l’écriture, à la la réalisation et à l’image) de ce film nécessaire imagine une société enfin capable de prendre conscience des mutations internationales, pour s’adapter à la réalité du terrain et apprendre à respecter les textes, afin de faire avancer le débat sur le délit de solidarité et les questions migratoires. Puisse t-il être entendu !
- Copyright Ligne7/Docks66
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.