Le poids de l’image
Le 18 janvier 2006
Du bon usage de la caméra. A trop vouloir en dire, les réalisateurs perdent leur sujet en route.
- Réalisateur : Peter Wintonik
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Canadien
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– Durée : 53mn
Du bon usage de la caméra. A trop vouloir en dire, les réalisateurs perdent leur sujet en route.
L’argument : Comment la vidéo, désormais à la portée de tous, est-elle devenue une arme pour lutter contre les injustices ?
Notre avis : Los Angeles, 3 mars 1991. Rodney King, un jeune homme d’origine afro américaine est passé à tabac par des policiers blancs qui s’acharnent sur lui. Une bavure policière malheureusement banale mais qui a fait l’effet d’une bombe. En effet, filmée par un amateur et diffusée à la télévision, la séquence de 89 secondes a profondément choqué l’opinion publique et déclenché les émeutes raciales de Los Angeles (les policiers étant, lors de leur premier jugement, acquittés). Depuis cet événement, désormais devenu le symbole de la lutte contre toute forme d’injustice, on ne compte plus les hommes et les femmes qui se servent des outils technologiques, caméscope en tête, pour réveiller les consciences. Car dans notre société médiatisée, sans preuves visuelles à l’appui, un conflit n’existe pas.
Est-il vrai qu’une image vaut mille mots ? Des violences néo-nazies tchèques aux conditions humiliantes dans lesquelles vivent les malades des établissements psychiatriques en Urugay, du terrible conflit congolais aux charniers argentins, Seing is believing fait un tour d’horizon des violations des droits de l’homme. Suivant également l’action de l’association Witness qui vient en aide aux victimes d’injustices en leur offrant un caméscope, Katerina Cizek et Peter Wintonik prennent l’exemple de la tribu philippine des Nakamata dont les revendications territoriales ont du mal à se faire entendre. De l’arrivée du caméscope à la production des images et leur médiatisation, on suit leur combat pas à pas.
Mais attention, si le caméscope sert à dénoncer les injustices, il peut également se transformer en un outil de propagande redoutable, comme le souligne justement ce documentaire plein de bonnes intentions. Bien qu’il parvienne à éviter tout voyeurisme macabre, Seing is believing souffre cependant d’un manque de profondeur. Certes, il met le doigt là où ça fait mal, mais au final il ne fait que survoler les problèmes. Désirant aborder le maximum de sujets en un minimum de temps (58 minutes), le documentaire finit par ressembler à une compilation d’images chocs. N’aurait-il pas été plus intéressant de tirer de ce sujet une série documentaire plus complète ? Car, à trop vouloir montrer, les images perdent de leur impact.
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