Le 25 février 2024
Un biopic académique certes, mais plutôt bien troussé dans le genre, et piqure de rappel pour les tenants d’un oubli de certaines des pires pages de l’Histoire.
- Réalisateur : James Hawes
- Acteurs : Anthony Hopkins, Jonathan Pryce, Adrian Rawlins, Helena Bonham Carter, Romola Garai, Marthe Keller, Lena Olin, Johnny Flynn, Alex Sharp
- Genre : Drame, Biopic, Historique, Drame historique
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : Société nouvelle de distribution (SND)
- Durée : 1h49mn
- Date de sortie : 21 février 2024
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Résumé : Prague, 1938. Alors que la ville est sur le point de tomber aux mains des nazis, un banquier londonien va tout mettre en œuvre pour sauver des centaines d’enfants promis à une mort certaine dans les camps de concentration. Au péril de sa vie, Nicholas Winton va organiser des convois vers l’Angleterre, où six cent soixante-neuf enfants juifs trouveront refuge.
Critique : Il s’agit du premier long métrage de cinéma de James Hawes, pilier de la télévision anglaise depuis plus de trente ans. Disons-le d’emblée : Une vie ne brille guère par son style, et présente a priori, justement, les attributs de l’académisme télévisuel. Il ne révolutionnera pas non plus le genre compassé du biopic, avec son souci de la reconstitution méticuleuse, ses petites notes de piano, ses passages tire-larmes, et ses numéros d’acteurs prétendant à être récompensés aux Oscars, Golden Globes et autres BAFTA. Coécrit par Lucinda Coxon et Nick Drake, d’après le récit de Barbara Winton, fille du protagoniste de l’histoire, Une vie évoque en parallèle deux récits qui n’en font qu’un. Dans les années 80, un retraité britannique, Nicky Winton (Anthony Perkins), qui mène une existence paisible auprès de son épouse (Lena Olin), cherche à confier à la presse les archives de documents historiques concernant des enfants étrangers réfugiés à Londres pendant la Seconde Guerre mondiale. La seconde histoire se déroule en 1938. Le même homme (Johnny Flynn) effectue des allers-retours entre Prague et Londres.
- Anthony Hopkins
- © 2023 See-Saw Films, MKB Productions, BBC Film / SND. Tous droits réservés.
Banquier travaillant dans une société de courtage, Nicky tente d’expatrier de Tchécoslovaquie des enfants entassés, avec leurs parents, dans un quartier de Prague. Ils ont fui l’Allemagne ou les Sudètes annexées par les nazis, et voient leurs vies menacées. Avec l’aide de sa dynamique mère (Helena Bonham Carter), des autorités anglaises et d’un réseau de citoyens bienveillants, des transferts en train sont organisés, qui demeurent encore possibles quand les nazis entrent dans Prague, mais deviendront problématiques avec la déclaration de guerre... Une vie n’évite donc pas les écueils des narrations « tirées d’une histoire vraie », avec son cortège de conventions, dont le recours à des photos d’archives au générique final, pour prouver, sous-titrage à l’appui, la véracité des faits, et nous informer de ce que sont devenus les acteurs des faits mentionnés. Le procédé a été utilisé maintes fois, et le long métrage métrage de James Hawes est, on s’en doutait, nettement en dessous des modèles de fiction ayant abordé le même thème de la déportation des juifs, à savoir La liste de Schindler de Steven Spielberg et Le pianiste de Roman Polanski, ou bien encore Monsieur Klein de Losey ou Au revoir les enfants de Malle.
- Helena Bonham Carter, Johnny Flynn
- © 2023 See-Saw Films, MKB Productions, BBC Film / SND. Tous droits réservés.
Il n’empêche : Une vie tient la route, car les dialogues sont écrits avec pertinence, le scénario est subtilement didactique, la sobriété prime sur le sensationnalisme et le montage est habile. Le film témoigne surtout d’un aspect méconnu de la Seconde Guerre mondiale, ce sauvetage de centaines d’enfants juifs par un bourgeois lui-même d’origine juive mais avant tout agnostique et humaniste, ayant longtemps été occulté par les manuels d’Histoire. Une piqure de rappel compte tenu du poids croissant des personnes cherchant à minimiser ou relativiser la Shoah, à une époque où l’extrême droite et l’extrême gauche jouent avec le feu en termes de populisme et d’amnésie historique. Rien que pour cette raison, Une vie mérite le déplacement. Si le long métrage est certes mineur à l’échelle de l’histoire du cinéma, il n’en reste pas moins honorable, à l’image d’autres biopics du cinéma anglais, comme Le discours d’un roi de Tobe Hooper ou Churchill de Jonathan Teplitzky.
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