Hypnose
Le 2 juillet 2008
Une oeuvre sensorielle entraînant le spectateur dans un cauchemar cinématographique dont il est difficile de sortir indemne.


- Réalisateur : Kiyoshi Kurosawa
- Acteurs : Kôji Yakusho, Masato Hagiwara, Tsuyoshi Ujiki , Anna Nakagawa
- Genre : Policier / Polar / Film noir, Fantastique
- Nationalité : Japonais
- Date de sortie : 10 novembre 1999

Durée : 1h55mn
Titre original : Kyua
Une oeuvre sensorielle entraînant le spectateur dans un cauchemar cinématographique dont il est difficile de sortir indemne.
L’argument : Un officier de police, Takabe, enquête sur une série de meurtres dont les victimes sont retrouvées avec une croix gravée dans le cou. Un jour, un jeune vagabond est arrêté près de l’endroit ou a été retrouvé le dernier corps. Il est vite identifié comme un ancien étudiant en psychologie, devenu fou et ayant d’inquiétants pouvoirs hypnotiques, lui permettant de pousser des gens à commettre des actes criminels.
Notre avis : Kiyoshi Kurosawa, qui a débuté sa carrière à la fin des années 1970 avec des séries B très confidentielles, acquiert enfin une reconnaissance internationale grâce à la projection de Cure au Festival International du Film de Tokyo en 1997. Un succès qui permit à ses longs métrages suivants (License to live, Charisma, Kaïro ou encore Jellyfish) d’être sélectionnés dans les plus grands festivals européens et de se faire une solide réputation auprès des critiques.
Film essentiel pour comprendre l’œuvre de Kiyoshi Kurosawa, Cure pose les bases du cinéma fantastique et social nippon, celui-ci aimant détourner les codes du genre afin de réaliser un dialogue sous-jacent sur l’évolution de son pays. Ce long-métrage est alors incroyablement cohérent au niveau du fond et de la forme, le cinéaste y développant l’une de ses principales thématiques : l’ordre établi déstabilisé par un élément étranger (l’un des thèmes classiques du cinéma fantastique.) Il en ressort une idée de contamination du « normal » par « l’anormal » soulignant les propos désenchantés du réalisateur sur sa société. Cette dernière est représentée par le biais de l’institution policière (l’inspecteur Takabe), qui est l’exemple type d’un ordre fortement structuré et rigide. Le jeune hypnotiseur est alors le remède qui veut démonter et détruire les rouages d’un pays aliénant pour l’individu. On est proche de Théorème de Pier Paolo Pasolini, dans lequel un homme entraîne le désordre dans une bourgeoisie décadente. Cette référence montre l’impact du cinéma italien de la modernité sur l’œuvre de Kiyoshi Kurosawa au même titre que la Série B américaine des années 1950 à 1980.
Pour souligner son propos, le Japonais réalise un film sensoriel qui joue avec toutes les possibilités du cinéma afin de rendre le spectateur actif. Il utilise une bande-son hypnotique, à la consonance industrielle, métaphorisant une société mécanique. Cela n’est pas sans rappeler l’environnement sonore du Désert rouge de Michelangelo Antonioni, qui présente l’envers du miracle économique italien des années 1960, comme Kurosawa montre l’envers de la réussite de son pays. L’utilisation du hors-champs est également impressionnante : les apparitions ne cessent d’entrer et de disparaître soudainement du cadre afin de provoquer le doute. Il s’agit d’un cinéma de l’entre aperçu, la peur provenant de la suggestion comme dans les œuvres fantastiques de Jacques Tourneur (La féline par exemple.) Le cinéaste aime aussi dessiner des cadres dans le cadre, ce qui symbolise avec force l’enfermement et l’aliénation des protagonistes. Cette figure signifie surtout que derrière les apparences, reste enfouie une pulsion qui ne demande qu’à être extériorisée. Fascinant par son charme vénéneux et par sa cohérence, Cure est certainement l’une des œuvres les plus marquantes de son auteur.
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Norman06 21 avril 2009
Cure
Un bon film policier, qui combine les genres du film de serial killer et du surnaturel. C’est bien filmé, et le dénouement, ambigu, est digne de certains films de Cronenberg ou de David Lynch.