Le 12 janvier 2022
Charlotte Gainsbourg nous fait découvrir sa mère, Jane Birkin, et semble la redécouvrir par la même occasion. Salvateur pour elle, peut-être plus dispensable pour le spectateur.


- Réalisateur : Charlotte Gainsbourg
- Acteurs : Charlotte Gainsbourg, Jane Birkin
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Distributeur : Jour2fête
- Durée : 1h28mn
- Date de sortie : 12 janvier 2022
- Festival : Festival de Cannes 2021

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Résumé : Charlotte Gainsbourg a commencé à filmer sa mère, Jane Birkin, pour la regarder comme elle ne l’avait jamais fait. La pudeur de l’une face à l’autre n’avait jamais permis un tel rapprochement. Mais par l’entremise de la caméra, la glace se brise pour faire émerger un échange inédit, sur plusieurs années, qui efface peu à peu les deux artistes et les met à nu dans une conversation intime inédite et universelle pour laisser apparaître une mère face à une fille.
Critique : On ne pourra pas faire de procès à Charlotte Gainsbourg quant à ses intentions. Ces dernières sont claires : elle a fait ce film pour elle, elle l’affirme volontiers. Elle semblait en avoir besoin, afin d’apaiser sa relation avec sa mère, la voir sous un autre angle, avoir un prétexte pour se livrer et la voir se livrer en retour.
On oublie vite une caméra. Dans le même temps, elle permet d’avoir un intermédiaire, créant paradoxalement un climat d’intimité. Cette intimité est l’élément le plus marquant du film, au point qu’elle peut même surprendre. Il est possible de ne pas vraiment savoir où se mettre face à certaines révélations familiales extrêmement privées. Doit-on remercier la documentariste de cette confiance qu’elle exhibe à destination de son spectateur, ou bien doit-on la fustiger pour cette séance un brin voyeuriste ?
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Il existe aussi une forme de prétention dans le geste de Gainsbourg, icône – elle récuse le terme – de la musique et à l’écran, passée réalisatrice cette année. En effet, le récepteur pourrait très bien rester en dehors de ses histoires de famille, qu’elle dévoile sans contexte véritable, comme si tout le monde savait déjà qui sont Yvan, Alice, Kate, dont la documentariste parle sans discontinuer avec sa mère, de la même manière qu’on parlerait de son oncle ou sa tante.
Cela pourrait être un temps fort, toujours en lien avec la fameuse intimité provoquée. Certes, les cinéphiles et les abonnés au scoop verront immédiatement de qui il s’agit. Mais somme toute, s’il est possible de trouver une dimension universelle à cette histoire, on sent que la démarche de Gainsbourg n’est pas celle-là. Elle parle de sa famille, sans se soucier d’impliquer totalement le spectateur. Finalement, le résultat aurait probablement été le même sans le sortir. Pourquoi le montrer ? Ce film est le sien, certes. Mais il semble être pour elle. Pour elle seulement, et c’est là que le bât blesse.
Pourtant, la réalisatrice possède un talent certain pour rendre les choses de la vie poétique, et nul doute que sa déclaration d’amour finale en fera chavirer plus d’un. Malgré le ton souvent ampoulé de ses discours, l’effet fonctionne de manière générale. Les photos magnifiques qu’elle prend de sa mère jalonnent joliment le récit, et ses choix musicaux éclectiques font mouche.
Jane Birkin se dévoile, sans fard. Elle joue le jeu, à cent pour cent. Sa fille nous ouvre les portes de la maison de son père. Tout cela ne peut laisser insensible, même s’il reste cette impression de prétention autoréférentielle.
Alors on ressort de la salle en se disant que demain, on aura sans doute oublié tout cela, en remerciant tout de même Charlotte Gainsbourg pour ce doux moment.
Galerie photos
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