Le 20 juillet 2015

- Réalisateur : William Friedkin
- Date de sortie : 15 juillet 2015
Présenté au Champs Elysées Film Festival, Le Convoi de la Peur de Friedkin revient en France sous son titre original, en HD, et sur le très grand écran. Un choc total. De passage à Paris, Friedkin nous a présentés l’histoire de ce chef d’oeuvre maudit.
Présenté au Champs Elysées Film Festival, Le Convoi de la Peur de Friedkin revient en France sous son titre original, en HD, et sur le très grand écran. Un choc total. De passage à Paris, Friedkin nous a présentés l’histoire de ce chef d’oeuvre maudit.
A l’occasion de la reprise du Convoi de la peur, en juillet, William Friedkin est venu à Paris rencontré la presse et le public pour présenter le film qu’il considère comme son chef d’oeuvre ultime. A raison. Découvrez l’histoire du film.
(C) Jean-Christophe Malévialle
Un chef d’oeuvre maudit
Version revisitée du Salaire de la peur de Clouzot par le père de L’Exorcisme, Le convoi de la peur appartient au chef d’oeuvre maudit du 7e art, flop à sa sortie, mais depuis réhabilité comme une oeuvre visionnaire, perçue par Friedkin, lui-même, comme le film de sa carrière, du moins l’oeuvre pour laquelle il souhaiterait qu’on se souvienne de lui. Il en est fier et ose même se comparer à Van Gogh, qui ne connut pas le succès qui aurait dû être le sien de son vivant. Friedkin est lui, toujours alive and kicking ! Il connaît la gloire de la rédemption pour cette oeuvre sombre et sans concession, tantôt onirique, cauchemardesque, toujours aux portes de la folie.
Un tournage contagieux
Friedkin, très au fait des réseaux sociaux, et amateur de Twitter où il aime correspondre avec ses fans, défend cette oeuvre au tournage qu’il décrit comme dantesque, assez proche d’Apocalypse Now, autre oeuvre à la folie contagieuse, tournée dans la jungle, qu’il ne vit qu’après avoir réalisé Sorcerer. L’équipe de tournage, Friedkin le premier, tomba malade, lui souffrant de la malaria, dans un état second.
L’art du montage
Il aime décrire le tournage de Sorcerer comme hallucinant, caractérisé, époque seventies oblige, par des décors fous (un lieu sacré pour les Indiens pour lequel il obtint une autorisation de tournage unique), des cascades périlleuses, un recours au montage ultra perfectionné pour soumettre la notion de danger à l’écran, sans le recours aux images de synthèse contemporaine qui aurait gâché le réalisme fou des séquences démentes suivant un convoi en pleine jungle sous haute tension (une scène d’orage démente !).
Henri-George Clouzot
Friedkin rencontre Henri-Georges Clouzot en France, peu après la sortie triomphale de L’exorciste. Si le cinéaste français lui donne sa bénédiction pour tourner ce remake personnel, il ne dégage pas plus d’enthousiasme, tout en apportant sa confiance à l’auteur américain qui, en partant d’un matériau existant, va toutefois livrer l’oeuvre dont il se sent le plus près, son bébé. Clouzot mourut quelques mois avant la sortie de Sorcerer (1977) et le film fut condamné à l’échec à l’échelle mondiale (même pas 500.000 entrées France, à peine 100.000 entrées sur Paris !).
Friedkin et les acteurs
Pourtant, on retrouve en tête d’affiche stars, Roy Scheider, sorti des Dents de la Mer de Spielberg, et Bruno Kremer, formidable, ainsi qu’Amidou que le réalisateur affectionnait grandement. Alain Resnais, ami du cinéaste, avait évoqué auprès du francophile William Friedkin le nom de Kremer qu’il a casté sans audition, à sa grande habitude. Avec humour William Friedkin aime évoquer les acteurs, de Linda Blair, à l’innocence d’enfant, capable de feindre de s’enfoncer un crucifix dans le vagin sans comprendre les enjeux, au duo de Traqué, Tommy Lee Jones, très pro, et Benicio del Toro, toujours dans l’interrogation, le doute et la contradiction. Il s’amuse beaucoup de Benicio del Toro qu’il s’imagine avec un crucifix dans la main à s’enfoncer dans l’entre-jambes...
Les remakes
Ironie, le futur réalisateur de Cruising et Police Fédérale Los Angeles allait lui aussi devoir abandonner certains de ses enfants à d’autres, ses films allant à leur tour être remakés, L’Exorciste en premier. Lors de son intervention, Friedkin s’amuse aussi d’un pendant français de French Connection, qu’il n’a pas vu. Etre réalisateur, c’est comme être père, il faut accepter de voir ses enfants grandir et vous échapper...
La musique de Tangerine Dream
Ce qui rend l’expérience ténébreuse et remarquable en HD, c’est également la bande originale de Tangerine Dream, groupe que Friedkin rencontra lors d’un concert nocturne, après minuit, dans une chapelle abandonnée en plein coeur de la Forêt Noire. L’auteur se souvient de la transe provoquée par les longues séquences synthétiques du groupe allemand, célèbre pour les albums Phaedra ou Rubycon. Cette expérience leur vaudra l’adhésion immédiate du cinéaste américain, qui leur promis de collaborer avec eux sur son prochain film. Avant le tournage de Sorcerer, Tangerine Dream, sur simple lecture du script, composa des heures de musique progressive, dont Friedkin sélectionna quelques morceaux pour inspirer ses images. Récemment, le groupe, qui perdit en janvier 2015 son leader, Edgar Froese, proposa au public l’intégralité des compositions non utilisées pour Sorcerer.
La reprise :
Les distributeurs La Rabbia en association avec Bac Films proposeront Sorcerer, en version restaurée 4K, dans son format d’origine, la copie vue en début d’année sur Arte. Un sentiment de complétude pour cette oeuvre immense qui mérite bien de retrouver le grand écran, à partir du 15 juillet.
L’équipe d’aVoir-aLire remercie l’équipe de La Rabbia, et en particulier Thomas Creveuil, pour cette rencontre exceptionnelle.
Galerie Photos
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