Critique

CINÉMA

China girl

Roméo & Juliette

Le 9 juillet 2003

Abel Ferrara filme l’innocence et l’amour de deux adolescents confrontés à la violence du monde adulte.

  • Maverick 12 février 2005
    China girl

    China Girl ou l’affrontement communautaire tragique de deux clans au coeur d’un Little Italy colonisé par Chinatown.
    De toute évidence, dans la lignée des grandes oeuvres subversives des années 1980 sur le modèle américain (on pense à Mean Streets de Martin Scorsese, à Scarface de Brian De Palma, et bien sur à l’Année du Dragon, de Michael Cimino), le film dépasse la vision clanique shakespearienne, dont West Side Story était devenue la séquelle la plus aboutie. En effet, comme De Palma, ou Cimino, Abel Ferrara esthétise la violence urbaine, mais surtout il arrive à tourner en dérision son propre clan, étant lui-même issu de Little Italy. Le film est kitsch, à l’image des standards américain des années 80 : preuve en est les coupes de cheveux des acteurs, ou l’ambiance des boîtes de nuits (new wave, Funk). Il ne ménage ni la communauté chinoise, ni la communauté italienne, pas plus que les pouvoirs publics américains, et notamment la police qui contribue à cantonner les deux communautés au sein de leurs propres ghettos ("Chinatown, c’est par là"). Ferrara réussit une oeuvre riche pour la réflexion sur la ville et la géographie urbaine : toute l’intrigue tourne autour de la transgression de la frontière de Canal Street, rue séparant Chinatown de Little Itlay. Finalement, l’auteur est loin de nous proposer une vision simpliste de cet affrontement communautariste, dans la mesure où la guerre clanique que se mènent les chinois et italiens est traitée de manière hyperbolique (procédé stylistique Depalmien), et donc à prendre au deuxième degré ! Car derrière ce simplisme apparent et derrière cette vision caricaturale des maffias, le cinéaste nous montre aussi l’envers du décor, les tractations entre chinois et italiens, qui ont bien compris que leur intérêt n’est pas le chaos mais l’entente (on perçoit la stratégie de la spéculation immobilière).
    En définitive, ce film réussit à mêler plusieurs influences : tragique (la dispute lors de l’enterrement du grand frère, très scorsesienne, est sans doute l’apogée du film tandis que la fin, très prévisible, en est l’ultime image), grecque (la scène du meurtre à l’arme blanche du poseur de bombes est monumentale), depalmienne (l’enfermement, les boîtes de nuits, le choix des armes), et subversive (la chute de la statue de la vierge Marie en est le parfait symbole). Du grand art !

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