Critique

CINÉMA

Collision - Paul Haggis - critique

Boum !

Le 29 juin 2015

Provocateur, noir et sans compromis : un premier film réussi.

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  • Jeds 3 octobre 2005
    Collision - Paul Haggis - critique

    Côté scénario :
    Avec Collision, on a droit à un entremêlement de plusieurs personnages qui n’ont pas grand chose à voir les uns avec les autres. Sauf qu’ils finissent (presque) tous par se croiser à un moment durant ces quelques heures que dure le film. J’avais lu plusieurs résumés de ce film et bizarrement, personne ne parle du message anti-raciste qui vole au dessus film (mis à par sur aVroi-aLire). Message un peu trop au centre du film (car on ne bouffe que de ça, dans tous les dialogues), ce qui m’a vite saoulé pour être honnête... Bref, si on passe outre ce message, le scénario est plutôt sympa puisqu’on aime et déteste tous les personnages à un moment où à un autre (ce qui est loin d’être évident à faire).

    Côté réalisation :
    Le scénariste et réalisateur (Paul Haggis) est sobre dans sa réalisation, ce qui colle très bien avec son scénario. Le grain de l’image m’a rappelé ces films des années 80. L’image n’est pas super propre, la caméra est rarement sur un pied, mais ça donne cette ambiance particulière et très plaisante. Tout est très banal. Et puis arrivent deux scènes qui m’ont réellement touché (au niveau de la réalisation, du montage et de la musique), la scène de l’accident avec une voiture qui se renverse et la scène où le serrurier est en mauvaise posture (je fais exprès de ne pas entrer dans les détails pour ne rien gâcher). La musique devient superbe, le montage devient fantastique, un vrai moment magique.

    Côté acteurs/personages :
    Pour les acteurs, je ne souhaite pas m’étendre, je les ai tous trouvé très bons dans leurs rôles. J’ai été content de voir Sandra Bullock, Brendan Fraser et Ryan Phillippe jouer des rôles auxquels ont ne les attendrais pas forcément. Les personnages sont vraiment intéressants car on ne tombe jamais (et c’est rare pour la totalité des personnages dans un même film) dans des caricature ou bien dans des personnages dont on a vu et revu ce type au cinéma. Ce qui change avec ces personnages par rapport à d’autres films, c’est qu’ils sont réellement humains (ce qui semble tenir beaucoup à cœur de Paul Haggis ).

    Mon sentiment sur ce film :
    Je ressors de ce film étonné et déçu. Etonné car je ne m’attendais pas à ce que j’ai vu. Content car je m’attendais à être étonné par ce film mais déçu car le film est bien trop lourdement axé sur la lutte contre le racisme. Faire passer ce message est une (bonne) chose, mais là, ça devient tellement récurent (on a droit à des propos racistes dans quasiment tous les dialogues du film) qu’on fini par en être véritablement assommé. Mon sentiment dernier sur ce film, c’est que j’ai l’impression qu’on m’a fait la morale pendant 1h47. D’où ma (grande) déception.

    Voir en ligne : http://www.freeloadmp3.com/

  • Romane 5 octobre 2005
    Collision - Paul Haggis - critique

    Avant d’être celle des véhicules de ses protagonistes, cette collision est d’abord celle de destins qui s’entremêlent, s’entrechoquent : une femme au foyer et son mari procureur, deux inspecteurs de police, un réalisateur de télévision et sa femme, un serrurier mexicain, un voleur de voitures, une nouvelle recrue de la police, un couple de coréens. En 36 heures, tous ces destins vont basculer. Vers l’ombre ou la lumière. L’effroi souvent, avant. A priori leur seul point commun est de vivre à Los Angeles, d’être confrontés à la même incommunicabilité, à la même angoisse dans cette ville tentaculaire, cité des Anges aux allures diaboliques. Le film choral est un genre périlleux, son scénario se doit donc d’être particulièrement ciselé pour que ce soit une réussite et « Crash » en est une, indéniablement, magistralement. Tous ces destins se croisent, se mêlent, se frôlent, se heurtent, se fracassent sans que cela ne semble improbable ou artificiel grâce à la virtuosité de la mise en scène et du scénario. Dès les premières secondes du film, le spectateur se retrouve plongé dans l’obscurité menaçante et impersonnelle d’une Los Angeles effrayée plus qu’effrayante ou effrayante parce-qu’effrayée, dans un crash qui fait exploser les limites que chacun s’était fixé, les vitres symboliques de ces véhiculent qui les isolent, les enferment dans leur monde dont ils ne veulent surtout pas sortir. Frénésie de bruits, d’images, de nationalités, de lumières scintillantes et aveuglantes, regards perdus, angoissés, menaçants : dès les premières secondes la tension est palpable. Los Angeles : ville affolée, cosmopolite, paranoïaque, en proie aux préjugés, ville emblématique des tensions exacerbées par l’après 11 septembre. La collision est ici celle de l’étrangeté qui s’immisce dans chaque existence, qui conduit chaque personnage à quitter sa bulle protectrice, parfois ses préjugés, un heurt impromptu dont aucun ne peut ressortir indemne. Cette collision est celle d’univers qui n’auraient jamais dû se croiser et est aussi engendrée par la collision de ces univers qui n’auraient jamais dû se rencontrer. Collision entre les principes et leur application, les préjugés et leurs dérives. Cette collision est intelligemment mise en scène, parfois soulignée par une « collision musicale » : leitmotiv, musique dissonante etc. L’intelligence réside aussi dans la caractérisation des personnages, a priori manichéens, se révélant finalement beaucoup plus ambigus, humains donc, que ce qu’ils auraient pu paraître de prime abord (au premier rang desquels Matt Dillon qui interprète d’une manière époustouflante un personnage de policier a priori foncièrement antipathique), beaucoup plus ambigus que ce qu’ils sont trop souvent dans le cinéma américain, un cinéma parfois trop consensuel. Lors de la conférence de presse Paul Haggis déclare avoir été lui-même victime d’un car-jacking à L.A et s’être vu braqué un revolver sur la tempe, évènement déterminant pour le début de l’écriture du scénario, d’où peut-être cette impression de réalisme malgré les nombreux effets stylistiques auxquels il recourt. Chacun des personnages de « Crash » est à la frontière du gouffre, des larmes, du « crash », d’une inéluctable et fatale collision. En résulte un film bouleversant, poétique aussi, comme ces face-à-face se faisant étrangement écho du père avec sa petite fille, ou du policier sauvant la vie à celle qu’il avait humiliée. Sans tomber dans le pathos, cette scène reste judicieusement elliptique et non moins intense. C’est encore un film intelligemment provocateur qui débusque les faux-semblants, l’absurdité de la peur irrationnelle de l’autre. Je ne vous en dis pas davantage pour qu’avec vous aussi la magie opère, pour que vous vous laissiez happer par les couloirs labyrinthiques et non moins limpides de ce film mosaïque et de ses hasards et coïncidences. Dans une société où l’on catégorise, classifie, range les individus à la vitesse de la lumière ou d’un simple regard, ce film devient salutaire. Peut-être pourrait-on reprocher à Paul Haggis des ralentis superflus mais son film n’en reste pas moins fascinant, fascination et poésie que ne suscitaient et ne possédaient pas les deux films desquels on peut rapprocher Crash : Magnolia de Paul Anderson et Short cuts de Robert Altman. Il vous heurtera très certainement, un choc nécessaire ...

    Voir en ligne : Colluision

  • etienne2056 21 novembre 2006
    Collision - Paul Haggis - critique

    Une énorme surprise. Alors que je m’attendait à visionner un film typiquement hollywoodien (Sandra Bullock fait partie du casting), j’ai assisté ce soir là à une perle cinématographique. Dès les premières minutes, on sait à quoi on va s’attendre, car Don Cheadle (remarquable au passage) nous submerge dans le récit en employant une excellente réplique métaphorique. Collision est un film a double emploi : il dénonce le racisme que l’on voit trop souvent aux Etats-Unis (assez explicitement d’ailleurs) mais il disserte surtout sur le fait que personne n’est parfait et que tout le monde peut changer, qu’il n’y a pas de mal ou de bien. Des scènes émouvantes qui ne rappelle ni Million Dollar Baby (Paul Haggis en avait signé le scénario), ni American History X, mais qui impose un style encore trop rare au cinéma. La réalisation ressemble parfois au Collatéral de Michael Mann en plus réfléchi et plus photographique. En clair, Paul Haggis pour son premier film nous signe un coup de maître au casting quatre étoiles qui ne laisse personne indifférent.

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