Les espions s’observent
Le 18 septembre 2013
La diva Francesca Bertini au naturel dans un superbe film d’espionnage à l’ambiance énigmatique.
- Réalisateur : Gustavo Serena
- Acteurs : Francesca Bertini, Carlo Benetti, Alfredo De Antoni, Gustavo Serena
- Genre : Drame, Espionnage, Film muet
- Nationalité : Italien
- Durée : 1 heure ( à l'origine 1h20mn environ)
- VOD : http://www.europeanfilmgateway.eu/fr/node/33/detail/DIANA+LAFFASCINATRICE/video:NjRiZmRjNTYtNGJjYi00MjE1LTk2NTktNzI4NjdlZGUwOGQ1X1VtVndiM05wZEc5eWVWTmxjblpwWTJWU1pYTnZkWEpqWlhNdlVtVndiM05wZEc5eWVWTmxjblpwWTJWU1pYTnZkWEpqWlZSNWNHVT06OmF2Q3JlYXRpb24uQ1JCL0VWQV9hdkNyZWF0aW9uXzIzMTc3/paging:dmlkZW8tMS00LWltYWdlLTEtNC1zb3VuZC0xLTQtcGVyc29uLTEtNC10ZXh0LTEtNA==
- Plus d'informations : http://www.europeanfilmgateway.eu
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– Sortie en Italie : 15 décembre 1915
– Production : Caesar Film
La diva Francesca Bertini au naturel dans un superbe film d’espionnage à l’ambiance énigmatique.
L’argument : L’espionne Diana (Wanda) réussit à soustraire de précieux plans de fortifications au capitaine Newse mais, tombée amoureuse de sa victime, elle sauve l’honneur de l’homme qu’elle aime en disparaissant à jamais.
Notre avis : Tourné quelques mois après l’excellent L’amazzone mascherata / l’amazone masquée (Baldassarre Negroni, Celio Film 1914) qui montrait Francesca Bertini en acrobate de cirque tentant de récupérer les documents secrets dérobés à son mari officier, ce nouveau film d’espionnage à la trame cousue de fil blanc (pays imaginaires et uniformes d’opérette, trafic de secrets militaires de polichinelle) permet à la diva d’endosser le rôle d’une fascinante agente secrète (Diana dans la version originale, Wanda dans la copie d’exploitation belge survivante) amenée à trahir son pays par amour.
La disparition des scènes finales est certes frustrante mais ne gêne pas vraiment la compréhension d’un scénario qui est surtout prétexte à surgissements inopinés dans le plan (par une trappe dans le plancher par exemple) et ambiances suggestives : un canot sur la mer, un terrain d’aviation, un pigeonnier, de vastes espaces urbains quasi vides, des intérieurs luxueux.

- Diana l’affascinatrice (Wanda l’espionne) - 1915
Gustavo Serena (qui est aussi acteur dans le film) fait preuve, comme dans le superbe drame naturaliste napolitain Assunta Spina, réalisé la même année (toujours avec la Bertini), d’un sens indéniable du cadre et de la profondeur de champ (stupéfiant plan-séquence sous l’arche d’un pont). Il sait animer ses plans par l’attention au détail (l’exactitude documentaire avec laquelle on nous montre comment attacher un message aux pattes d’un pigeon ; l’ordonnance qui regarde fixement, le visage tourné face à la caméra, l’héroïne en train de lire le message qu’il vient d’apporter), quelques lents mouvements d’appareil. Il parvient surtout à installer une espèce de flottement énigmatique, d’indécidable, en laissant ses plans exister avant et après, au-delà de leur stricte fonction informative et narrative : des figurants, peut-être de simples passants non informés, observent parfois la scène et les acteurs se déplacent dans le champ mais s’observent les uns les autres bien plus qu’ils n’agissent. Du coup ils ne sur-jouent pas, gardant une espèce de quant à soi qui rend très énigmatiques leurs faits et gestes ainsi que leurs motivations.

- Diana l’affascinatrice (Wanda l’espionne) - 1915
La Bertini en particulier a un jeu très naturel, aux antipodes de la sophistication extrême (et géniale) de ses rivales Lyda Borelli ou Pina Menichelli, mais sa beauté fatale, l’élégance racée avec laquelle elle porte les toilettes extravagantes variant d’une scène à l’autre, l’assurance teintée de détachement amusé avec laquelle elle occupe l’écran sont d’une authentique diva.
Les deux films sont visibles en ligne dans de superbes copies restaurées provenant des cinémathèques néerlandaise (L’amazzone mascherata) et belge (Diana l’affacinatrice) sur le site http://www.europeanfilmgateway.eu. Comme indiqué plus haut, la copie de ce dernier est incomplète puisqu’il manque à peu près un tiers du métrage original.

- Diana l’affascinatrice (Wanda l’espionne) - 1915

































