Le Skylab - la critique

Critique : Le film doit son titre original et accrocheur à la station spatiale américaine dont le personnage d’Anna (Julie Delpy) redoute qu’elle ne s’écrase en Bretagne où se déroule l’intrigue. C’est là, dans une maison de campagne pittoresque, que s’est rassemblée pour l’anniversaire de Mamie la famille de Jean (Éric Elmosnino). Secondaire au regard des événements qui rythment le scénario, la menace du skylab n’est pourtant pas anodine : on se souvient de la théorie du complot qui servait d’argument à La comtesse. Ici, l’éventualité d’une catastrophe permet à la cinéaste d’évoquer les peurs d’Albertine (Lou Alvarez), jeune narratrice bercée d’illusions et fil conducteur de cette chronique douce-amère, reflet d’une époque qui voyait d’un même œil inquiet l’essor de la gauche et celle de la conquête spatiale.

© 2011 The Film. Tous droits réservés.

Autant dire que le film se garde bien de sacrifier à son humour bon enfant tous les thèmes chers à Delpy qui livre ici, avec une mise en œuvre classique non dénuée de cette liberté narrative si caractéristique de son cinéma, une succession de saynètes drôles et touchantes, chacune offrant l’occasion de (re)découvrir un personnage. Le charme du Skylab doit beaucoup au choix et à la direction de ses acteurs, qui ont su accorder au bénéfice de l’ensemble leurs talents respectifs. Difficile de rendre justice à leurs nombreuses performances, depuis les différents couples (Delpy/Elmosnino, Bonneton/Ménochet, etc.) aux savoureuses grands-mères, en passant par une galerie d’excellents bambins, tous aussi prometteurs les uns que les autres (Lou Alvarez notamment).

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En raison du thème choisi, il est clair que la séduction opérée par cette comédie n’est pas réductible, loin s’en faut, à des considérations esthétiques. Le film suppose une capacité à replonger dans ses propres souvenirs, à interroger ses rapports familiaux, à jouer le jeu du réalisme et de l’identification. Il se regarde comme un album de photos souvenir, avec la même légèreté apparente et le même pincement au cœur. Nul doute que cette sensibilité et son goût pour une certaine imagerie populaire susciteront plus d’une réaction sceptique auprès des critiques vétilleux. Il n’empêche que Le Skylab est d’un niveau nettement supérieur à la moyenne des comédies françaises, trop souvent prétextes à relancer la carrière des comiques de seconde zone. Gageons que cette œuvre personnelle et sans prétention saura trouver son public de nostalgiques et de (grands) enfants. Elle s’impose en tout cas comme l’une des plus savoureuses de l’année.