Le 2 février 2024
Un voyage mélomane et politique dans le Brésil des années noires, à la fois sombre et solaire, déchirant et chatoyant.
- Réalisateurs : Fernando Trueba - Javier Mariscal
- Acteur : Jeff Goldblum
- Genre : Animation, Historique, Musical, Politique
- Nationalité : Espagnol, Français, Néerlandais, Portugais, Péruvien
- Distributeur : Dulac Distribution
- Durée : 1h43mn
- Date de sortie : 31 janvier 2024
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Résumé : Un journaliste de musique new-yorkais mène l’enquête sur la disparition, à la veille du coup d’État en Argentine, de Francisco Tenório Jr, pianiste brésilien virtuose. Tout en célébrant le jazz et la Bossa Nova, le film capture une période éphémère de liberté créatrice, à un tournant de l’histoire de l’Amérique Latine dans les années 60 et 70, juste avant que le continent ne tombe sous le joug des régimes totalitaires.
Critique : Parlant de son film Tetro, partiellement autobiographique, Francis Ford Coppola expliquait cryptiquement que « rien n’était arrivé, mais [que] tout était vrai. » On pourrait dire la même chose de They Shot the Piano Player : certes, l’histoire du journaliste Jeff Harris (auquel un autre Jeff, Goldblum, prête son timbre de voix suave) est fictive, mais ses fils s’entremêlent avec ceux d’une vie bien réelle – et tragique. Celle de Tenorio Junior, pianiste brésilien dont les louanges sont chantées par les dieux de la bossa nova (Chico Buarque, Milton Nascimento, Caetano Veloso…) et disparu dans des circonstances non élucidées alors qu’il effectuait une tournée en Argentine, en 1976.
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En enquêtant sur cette disparition, Jeff Harris – et, par ricochet, le cinéaste Fernando Trueba – foncent tête baissée dans un labyrinthe où s’entremêlent la musique et la politique, la petite et la grande histoire. Où Tenorio Junior, possiblement exécuté par délit de faciès – sa barbe et ses cheveux longs suffisaient à lui prêter de vagues sympathies « dissidentes » – devient le symbole de cette jeunesse fougueuse, celle de l’Argentine, du Brésil, de la Bolivie, du Chili, du Paraguay, de l’Uruguay, que des décennies de dictature auront étouffées dans le sang. Dans ce dédale, même le cinéma n’est jamais loin ; Trueba dessine un parallèle entre la Nouvelle Vague française et la bossa nova brésilienne (deux expressions signifiant la même chose dans leurs langues respectives) en évoquant la passion de certains de ces musiciens pour À bout de souffle ou Les 400 coups. Peu importe où, peu importe quand, c’est toujours « la fièvre de la jeunesse qui maintient le reste du monde à la température normale »…
En découle un voyage chatoyant et passionnant, dont on ressort – ce n’est pas incompatible – une chanson dans la tête et une boule au ventre. La musique peut-elle changer le monde ? Sans doute pas, mais, parfois, elle contribue à le rendre un peu plus respirable.
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