Le 26 avril 2017
Beau portrait de famille, intimiste et universel, pudique et élégant, ce récit épuré confirme le talent d’un cinéaste devenu le digne héritier de Ozu.
- Réalisateur : Hirokazu Kore-eda
- Acteurs : Hiroshi Abe, Isao Hashizume, Yōko Maki, Kirin Kiki, Sōsuke Ikematsu
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Le Pacte
- Durée : 1h57mn
- Titre original : Umi yori mo mada fukaku
- Date de sortie : 26 avril 2017
- Festival : Festival de Cannes 2016
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Résumé : Malgré un début de carrière d’écrivain prometteur, Ryota accumule les désillusions. Divorcé de Kyoko, il gaspille le peu d’argent que lui rapporte son travail de détective privé en jouant aux courses, jusqu’à ne plus pouvoir payer la pension alimentaire de son fils de 11 ans, Shingo. À présent, Ryota tente de regagner la confiance des siens et de se faire une place dans la vie de son fils. Cela semble bien mal parti jusqu’au jour où un typhon contraint toute la famille à passer une nuit ensemble…
Critique : De Nobody Knows à Notre petite sœur, en passant par le poignant Tel père, tel fils, Hirokazu Kore-eda a brossé de délicats drames familiaux, montrant les tourments de la cellule traditionnelle japonaise, écartelée entre tradition et modernité, respect des liens sacrés et velléités d’indépendance et de liberté. Le présent opus n’échappe pas à la règle. Sans recourir au sentimentalisme, le cinéaste procède par petites touches pour cerner ce père de famille loser, dépassé par les événements. Écrivain raté, végétant dans une agence de détectives privés avec le même détachement désabusé que Michel Serrault dans Mortelle randonnée, Ryota est prêt à tout pour reconquérir l’estime voire l’affection de son ex et garder la complicité avec un fils partagé entre deux parents dont les liens semblent s’être définitivement dénoués.
- Copyright Fuji Television Network
Nul chantage au pathos, aucune psychologie à la truelle dans ce récit en demi-teinte qui retrouve dans ses meilleures séquences la grâce des grands maîtres du cinéma japonais que furent Ozu et Naruse. Le dépouillement de la mise en scène est à peine tempéré par une musique discrète mais mélodieuse, ne surlignant jamais la charge émotionnelle ; les plans-séquences autour de la table familiale ne cèdent pas à la tentation de la pose esthétique. Quant aux rares scènes d’humour décalé, elles ne cherchent en rien à casser la solennité de la trame, leur insertion dans le dispositif dénotant un sens aigu de la nuance.
- Copyright Fuji Television Network
« C’est une histoire qui jette un regard intime sur le présent des personnes et leur façon d’être. Tous les personnages ont vécu de grandes difficultés à devenir les adultes qu’ils voulaient devenir lorsqu’ils étaient enfants. Toutefois, ils continuent d’essayer de trouver un moyen d’apprécier la vie, aussi différente soit-elle du futur dont ils avaient rêvé. Avoir accepté les changements qui se sont opérés en moi après la mort de ma mère et de mon père donne ce film qui est celui qui me ressemble le plus », a déclaré le cinéaste dans les notes d’intention. Ce caractère autobiographique n’est pas pour rien dans le charme opéré par le film, bien servi par des interprètes déjà vus dans des œuvres antérieures du réalisateur : nous décernerons une mention spéciale à Kirin Kiki dans le rôle de la grand-mère, comédienne sublime qui avait incarné la vieille dame dans Les délices de Tokyo de Naomi Kawase. Avec Harmonium de Fukada Kôji, également présenté au Certain Regard de Cannes 2016, Après la tempête a confirmé la vitalité d’un cinéma japonais toujours créatif.
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