Vers le sud - La critique

Le désir au féminin. Un film dérangeant et âpre

L’argument : Les années 80. Alors qu’Haïti crève sous la dictature militaire, l’île sert de paradis aux occidentaux en pleine misère sexuelle. Trois Anglo-saxonnes, Ellen (Charlotte Rampling), Brenda (Karen Young) et Sue (Louise Portal) se disputent les faveurs de dieux à la peau d’ébène. Particulièrement Legba qui suscite chez certaines une passion amoureuse.

Notre avis : Le nord et le sud. Les Blancs et les Noirs. Les riches et les pauvres. Le monde de Laurent Cantet semble inéluctablement voué à des oppositions sur lesquelles il trame de cruelles histoires. Les classes sociales désagrègent les liens familiaux (Ressources humaines), tandis que le désir doit s’accommoder de son humiliante marchandisation (Vers le sud). Derrière chacun de ses films, il y a un petit côté altermondialiste au travail, nous rappelant que si le monde continue sa marche, elle n’en est pas moins injuste. Les trois femmes de Vers le sud en font les frais. Leur jeunesse passée, elles n’en désirent pas moins. A travers leurs trajectoires mêlées, Cantet parle de la sexualité au féminin avec une brutalité et une franchise rares. Au cours de trois monologues troublants, chacune livre son intimité sans fards.
Vers le sud déjoue les pièges de la vulgarité en calquant son érotisme sur d’ambiguës luttes de classes. Mais si la sensualité se monnaie, qu’en est-il des sentiments de ces femmes ? Tour à tour froide et cynique, Charlotte Rampling trouve ici son meilleur rôle. Enfin débarrassée de son fameux mystère, elle campe une Ellen magistrale. Une femme dont l’obsession érotique vire à l’amour fou.

Le DVD


Le(s) supplément(s) à ne pas rater : Aucun bonus.

Image & son : Haïti oblige, les couleurs sont naturelles et chaudes à souhait. Vers le sud n’est pas le genre de film à pousser votre home cinéma dans ses retranchements, mais cette édition présente suffisamment de qualité pour combler votre visionnage. Le son (Dolby Digital) joue la carte des dialogues cristallins.