Cause toujours !

Une fantaisie qui nous écrase d’ennui : les mites auraient-elles fait perdre à Labrune son ironie mordante ?

L’argument : Sous l’œil circonspect de son mari Bruno, Jacinthe s’est lancée dans une lutte sans merci contre les mites qui ont envahi son appartement . Mais bientôt, Jacinthe va se trouver une autre occupation : retrouver son amie Léa, disparue subitement après s’être entichée d’un muet.

Notre avis : Il y avait eu la commode dans Ca ira mieux demain, puis un bouquet de fleurs dans C’est le bouquet !. Il revient désormais au minuscule animal qu’est la mite d’être le point de départ de la nouvelle "fantaisie" de Jeanne Labrune, Cause toujours !.
Un désagrément dérisoire suffit toujours dans l’univers de la réalisatrice à générer causeries et mini-catastrophes au sein d’une communauté de bobos qui étalent au grand jour leurs névroses dans leurs habitats confortables et colorés. Ces petits psychodrames construits sur des bavardages incessants s’avéraient d’ordinaire fort plaisants. Le dernier en date décevra profondément les amateurs des fantaisies de Labrune. Certes, les décors kitsch sont toujours au rendez-vous pour accueillir une belle brochette d’acteurs dont les habitués Darroussin et Bezace, rejoints par la sémillante Victoria Abril et une Sylvie Testud tout en finesse comme à son habitude.
Le prétexte de départ était également attirant puisqu’il s’agissait d’explorer les ressorts du soupçon et sa cohorte de malentendus qui rongent nos sociétés modernes. La mite présente un danger, le muet aussi. Chacun s’exprime, raisonne, imagine des explications à tout et suspecte autrui. Celui qui se tait et ne se méfie de rien inspire dès lors la méfiance.
Las, l’ironie mordante qui caractérise d’ordinaire ces fantaisies est aux abonnés absents. Habituellement tissés avec intelligence pour être omniprésents sans être pesants, les dialogues s’avèrent dans Cause toujours !, le bien nommé, d’une lourdeur confondante au point d’empêtrer le jeu des acteurs, encombrés par tant de réparties écrasantes d’ennui. Ajoutez à cela un faux suspense, censé nous faire réfléchir sur l’ambiguïté des images et vous entendez déjà les ronflements dans la salle. Cause toujours ! ? un accident de parcours.