Muse The 2nd Law - grandeur et décadence, critique de l’album

Muse, le groupe pompier des grands stades fait toujours de la résistance... à l’originalité ! Une supercherie qui dure depuis 13 ans maintenant !

On se souvient tous de Showbiz, album entièrement copié sur le concept décalé du Ok Computer de Radiohead. Matthew Bellamy y poussait sa voix écorchée aussi loin que celle de Thom Yorke, à la grande exaspération des critiques qui n’étaient pas tous prêts à déployer le tapis rouge... Quelques albums plus tard, le groupe qui jadis jouait dans des salles de 2000 groupies est devenu le leader des stades à force d’hymnes pompeux entièrement dévoués aux soulèvements des foules. Du bon gros rock ? Pas vraiment. Le calcul semble être le point d’orgue d’une formation en constant manque d’inspiration personnelle compensée par un sens de la mélodie qui rend l’exercice d’ego et de prétention presque potable. Muse est devenu à la musique ce que Michael Bay est à l’action, de l’efficacité tape-à-l’oeil qui résonne comme une coquille vide.
Le nouvel avatar du groupe, The 2nd Law en est le parfait exemple, une ode aux emprunts opportunistes mâtinés de fulgurances pour satisfaire un public qui semble avoir besoin de croire au messie. La loi du pillage ou appelez-ça la culture tendance de l’hyper référentiel, en tout cas, ce nouvel opus éclate autant les oreilles qu’il les exaspère. De titre en titre, il nous promène dans des eaux connues. Un premier titre revanchard Supremacy, qui en dit long sur les chevilles. Les envolées à la 007 semblent renvoyer les producteurs de Skyfall à leur choix : ils leur ont préféré Adele... Panic Station semble être un hommage aux filles de Gossip ! Survival est boursouflé de démonstration, c’était l’un des hymnes britanniques pour les JO ! Le Stadium syndrom, on vous dit ! Et surtout, un vibrant décalqué de Queen... Tiens, Freddie Mercury et les JO... Cela nous rappelle quelque-chose. Osant la pop synthétique avec le single inoffensif Madness qui aurait pu être écrit par the Beloved, la disco dubstep à la Kylie Minogue avec Follow me (la ressemblance avec The Disco needs you de la chanteuse australienne en est gênante). Animals démarre comme du Archive. Explorers est du pur Radiohead (No surprises bis repetita), avec Big Freeze on entend Bono sur Where the streets have no name. Save me semble avoir été écrit pour Tears for fears, Liquid State nous renvoie 15 ans en arrière, à l’époque de Being a girl de Mansun. The 2nd Law : unsustainable est indéniablement du pur Muse. Grandiloquent, vantard et braillard. La deuxième partie, intitulée Isolated system est plus calme, évoquant les grands thèmes synthétiques des productions horrifiques des années 70... Un beau moment à passer, d’ailleurs le dernier, dans un album qui n’a pas peur du ridicule.

Label : Wea