Contraband

Il semble que l’incroyable égocentrisme d’Axl Rose ait été fatal aux Guns N’Roses. Depuis 1995, le groupe a enfanté des dizaines de rumeurs mais rien de plus concret que la présentation de Chinese democracy -l’album fantôme jamais sorti dans les bacs - au public tardif et clairsemé d’une boîte de strip-tease à Las Vegas, il y a un an. Au cours de cette décennie, tous les membres des Guns, puis leurs remplaçants, ont fui la dictature d’Axl pour travailler en solo ou dans d’autres groupes. Slash, quant à lui, a mis fin à son Slash’s Snakepit, qu’il avait créé en 1995, pour retrouver deux ex-Guns, le bassiste Duff McKagan et le batteur Matt Sorum, et s’allier avec Scott Weiland (Stone Temple Pilots) et Dave Kushner (Suicidal Tendencies, Infectious Grooves...). Velvet Revolver, dont le nom n’est pas sans parenté avec celui de Guns N’Roses, a d’abord sorti Set me free (que l’on retrouve sur cet album) pour la BO de Hulk, puis une reprise quelque peu désastreuse du Money de Pink Floyd pour celle de Italian job. Puis arrive ce Contraband.

Le résultat n’est pas non plus très convainquant : le groupe nous emmène sur des mers déjà abondamment écumées. Il semble qu’il ait voulu prendre la suite des Guns : ça sonne comme du hard-rock des années 1990, avec un chant pop, mais sans nouveauté ; les solos de Slash sont toujours là, il y a les effets qui caractérisaient son jeu au sein des Guns, mais aussi à chaque instant cette irritante impression de déjà-vu. La voix criarde de Weiland ne laisse pas beaucoup de place pour les parties instrumentales qui faisaient le charme de Snakepit, et la classe que conféraient les claviers et toute l’instrumentation dont bénéficiaient les Guns n’est pas au rendez-vous. Il y a des riffs sympathiques, mais ils ne justifient pas toujours les quatre minutes que durent presque invariablement les chansons, avec un solo made in Slash qui intervient toujours aux deux-tiers du morceau. On peut tout de même noter un dialogue caisse claire/grosse caisse intéressant sur Illegal I song, l’intro très prometteuse de Superhuman qui plagie celle de Sweet child o’mine en la rendant plus heavy, ainsi que celle veloutée de Slither. Et puis il y a You got no right et Loving the alien, qui ressemblent à du Pearl Jam survitaminé.

Une déception, donc, tant Velvet Revolver semble croiser tout seul sur son bout d’océan sans tenir compte de l’évolution stylistique qu’a connue le hard-rock depuis l’arrivée du simple et fracassant neo-metal. Le groupe n’a pas su (ou pas voulu ? ) renouveler le genre, bien que Snakepit ait montré des possibilités. Nouveau coup dans l’eau pour Slash, donc. Splash. Dur dur d’être une star du métal des années 80-90 aujourd’hui.