Destiny fulfilled

C’est pas tous les jours dimanche. Et parfois, on fait bien de se contenter d’un lundi de fin d’après-midi tranquille, ou d’un bout de matinée de mercredi peinard. C’est ce qu’ont dû se dire Beyoncé, Kelly et Michelle à la fin de l’enregistrement de Destiny fulfilled. Ce disque, que d’aucuns pensaient irréalisable après les débuts de carrière solo tonitruants de Beyoncé et de Kelly Rowland, résonne comme un point final à une carrière qui aura vu le trio changer définitivement la perception du r’n’b moderne. « Destin accompli », comme l’annonce le titre.

Car, aidé de quelques producteurs inspirés, Destiny’s Child a réussi à rapprocher de manière durable deux mondes jusque là opposés : le ghetto doré des stars de MTV et la critique rock. Plus besoin aujourd’hui de prétexter un cadeau à sa petite sœur pour se payer le dernier Alicia Keys. Depuis Survivor et ses hits aux rythmiques survitaminées, depuis l’arrivée d’une production limpide et inventive (Timbaland, The Neptunes, Dr Dre ou Beyoncé elle-même), le r’n’b possède des armes de contentement massif.

Et ce n’est pas la faible teneur en beats de ce Destiny fulfilled finalement assez anecdotique qui nous fera changer d’avis. Au contraire, les trois divas opèrent un retour au cœur du r’n’b, préférant enfiler des ballades soyeuses (et parfois niaises, T-shirt) plutôt que de jouer encore une fois la surenchère rythmique. Ne vous fiez donc pas à Lose my breath, single détonnant dans tous les sens du terme, dont seul Through with love et ses somptueuses harmonies vocales est digne. Deux pics d’excitation dans un océan de douceurs vocales : voilà ce que nous propose donc Destiny’s Child en guise d’au revoir poli, avant, sans doute, de développer plus avant des carrières solo devenues bien plus passionnantes pour elles.