Critique : Premier tome de la saga Le Halo des Ombres, ce récit signé à quatre mains par Viviane et Céline de Clairval mêle habilement le frisson du fantastique à la promesse d’un vaste univers de fantasy.

On y suit Lùthen, jeune garçon sensible, observateur, et doté d’un rare talent pour le dessin. Très vite, l’innocence de son quotidien se fissure : des présences obscures rôdent, des regards se croisent dans les ténèbres, et la frontière entre rêve et réalité se brouille. Le lecteur, à l’instar du protagoniste, perd pied avec le monde tel qu’il le connaissait. Ce basculement, brillamment orchestré, confère au récit une tension narrative constante, presque cinématographique. Mais ce qui fait la force de ce roman, c’est la densité émotionnelle que les autrices injectent à chaque scène. Derrière les créatures de l’ombre et les complots magiques, L’Académie de Santhoryne est avant tout l’histoire d’un arrachement : celui d’un enfant à sa famille, à son enfance, à ses repères. Le deuil, la trahison, le secret, deviennent les jalons d’un parcours initiatique où la douleur se mue en force. Le style, fluide et précis, parvient à capter autant la fureur des affrontements que les silences pleins de non-dits.

À la manière d’un rite de passage, ce premier tome pose les fondations d’un monde riche, complexe, où la magie est autant une arme qu’un fardeau. Sans jamais tomber dans les clichés du genre, Viviane et Céline de Clairval construisent une œuvre ambitieuse, sombre sans être désespérée, peuplée de personnages qu’on n’oublie pas.