Le 10 septembre 2025
Un an après les Jeux Paralympiques de Paris, retour sur l’aventure de l’équipe de France de Cécifoot. Un documentaire intéressant à plusieurs niveaux.
- Genre : Documentaire, Téléfilm, Film de sport, Moyen métrage
- Nationalité : Français
- Durée : 0h52mn
- VOD : France 3 Grand Est, france.tv
- Date télé : 25 septembre 2025 22:55
- Chaîne : France 3 (notamment France 3 Grand Est)
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– Jeudi 25 septembre 2025 en 2e partie de soirée sur France 3 Grand Est et sur france.tv
Résumé : Plongez au cœur de l’équipe de France de cécifoot et leur victoire lors des Jeux Paralympiques de Paris 2024. Une épopée intimiste et saisissante où se mêlent les témoignages inédits et bouleversants des plus grands du cécifoot français, des images captivantes de plusieurs années de préparation et les plus belles séquences des Jeux. Une aventure humaine hors du commun aux multiples enjeux.
Critique : Contraction de cécité et de football, le cécifoot est la pratique sportive du foot par des joueurs handicapés visuels, discipline dont la France est championne depuis les derniers JO. Un an après la fin des Jeux Olympiques et surtout Paralympiques de Paris, France Télévisions entend surfer sur l’entrain qui ne serait pas encore retombé des Français pour l’évènement. Producteurs, auteurs et diffuseurs ont-ils raison de le penser ? Seules les audiences nous le diront. Leur documentaire coche en tout cas toutes les cases pour rassembler fans autant que néophytes. Style reportage classique, interviews face caméra, résumés de matchs, voix off et alternance de moments d’euphorie ou de tristesse : rien ne semble au premier abord distinguer le traitement que font Rose Detré et Germain Aguesse du Cécifoot que celui déjà accordé au football valide dans de précédents documentaires télévisés.
Devant un genre si balisé et où les contraintes du diffuseur sont si strictes, il n’est sans doute pas pertinent de juger la forme du film comme on ferait la critique d’un long-métrage revenant de Cannes. Tout au plus, saluera-t-on un sens du spectaculaire qui sied bien aux passions que charrie le sport (le film commence par un beau suspense : la préparation de l’ultime tir au but de la finale – le mettra, le mettra-t-il pas ?) et regrettera-t-on une musique comme souvent trop présente, surtout lors des interviews face caméra – d’autant que les témoignages (par exemple celui d’un joueur narrant comment il a brutalement perdu la vue) n’avaient guère besoin de violons pour susciter les larmes.

- © France 3 Alsace
Les documentaristes Rose Detré et Germain Aguesse adoptent comme angle et message principal la lutte contre le handicap et l’acceptation des différences. S’il était inévitable (et par ailleurs bienvenu) de mentionner la mécanique vertueuse de changements sociétaux que porte le handisport, c’est sans doute la partie la plus convenue d’Un nouveau regard. Bien davantage passionnante est la manière dont les particularités du cécifoot renouvellent à elles-seules le genre du documentaire sportif.
Première étape obligée : l’explication des règles. Si les documentaires sur le foot, le tennis ou le rugby s’affranchissent depuis longtemps de ces rappels inutiles, il n’en est pas de même pour un sport encore largement inconnu au bataillon. À la manière dont une fiction exposerait les règles de sa diégèse, Un nouveau regard s’attache à raconter les particularités techniques du cécifoot pour rendre palpables et excitant les extraits de matchs à venir. Ces règles sont à elles seules objet de fascination. Par leur aspect jamais-vu, d’abord. Elles offrent des images nouvelles, qui font en grande partie l’intérêt du handisport : ici, la vision d’une équipe masquée de noir – nous rappelant à quel point nous avons starifié, accroché à des visages, même les sports les plus collectifs. Là, la foulée chaloupée, bien différente de celle des footballeurs valides, de joueurs courant non plus après l’image d’une balle mais de son bruit (la balle de cécifoot bourdonne à chaque choc).
Ces règles interpellent surtout par leur manière d’adapter la pratique d’un sport connu à une équipe d’aveugles. Exemplairement : chaque tireur est associé à un guide qui frappe le rebord des cages avec une sorte de diapason pour que le premier sache où diriger son coup de pied. L’émotion suscitée est alors simple et jamais tarie : c’est celle qui nous saisit devant l’ingéniosité humaine, notre capacité collective à résoudre des problèmes, qui plus est pour permettre aux moins favorisés d’accroître leur champ des possibles.
L’image susmentionnée est d’autant plus belle qu’elle est suivie par un léger détournement de ce qui au foot constitue une image d’Épinal : la célébration. Habitués à voir les joueurs exulter après un but, on ne remarque que dans un second temps en quoi (ou plus tôt vers qui) l’euphorie du cécifootballeur diffère. Le buteur ne se jette pas dans les bras de ses camarades sur le terrain (chose sans doute peu aisée sans le sens de la vue) mais vers son guide qui, lui voyant, peut se précipiter dans ses bras.

- © France 3 Alsace
Le cécifoot pousse donc peut-être plus que sa version valide la mise en avant de ceux qu’on ne voit que trop rarement dans les documentaires sportifs : le staff. Non seulement le sélectionneur Toussaint Akpweh (on apprend au passage qu’il est créateur de la discipline, du moins en France – le documentaire passe un peu vite dessus), mais aussi le guide, donc (Yannick le Colvez), et même le responsable de développement de la discipline (Rémi Garranger) chargé de structurer et développer la pratique du cécifoot sur le territoire.
Passionnant également, le documentaire offre une correcte part de ses cinquante-deux minutes à présenter les défis que représentent la discipline pour la présentation et la retranscription. Ainsi, l’animateur radio Charly Weber nous raconte comment de néophyte il est devenu fan de cécifoot pour pouvoir couvrir la compétition et assurer les interviews lors de JO. Idem pour Thao Coubrun, audio-descripteur, qui a la charge de rendre audible, claire et exaltante l’intensité des matchs aux non-voyants. Tous ces passages décrivant les défis que pose le handisport pour l’usage le plus commun que l’on en fait – celui de le consommer comme divertissement – intéressent d’autant plus qu’ils nous renvoient à notre propre position, trop souvent négligée, de spectateurs.
Si ces quelques réflexions peuvent paraître théoriques, soyez rassurés. Se terminant par l’hymne des JO à fond la caisse accompagnant les images exaltées de la victoire, Un nouveau regard est surtout, pour ceux d’entre nous qui sont encore nostalgiques de la bulle euphorique que furent les Jeux 2024, l’occasion de se replonger le temps d’une projection dans cette ambiance galvanisante.
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