Le 13 mai 2025
Si l’on comprend les vertus d’un retour au vert pour les jeunes générations, le propos, teinté de musiques de fanfare et de paysages champêtres, demeure assez superficiel dans son ensemble, en dépit d’un soin particulier à filmer les gens et le Gers.


- Réalisateurs : Sandrine Mercier - Juan Gordillo Hildago
- Genre : Documentaire, Teen movie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Bodega Films
- Durée : 1h27mn
- Date de sortie : 14 mai 2025

Résumé : Partir ou rester ? C’est le dilemme d’Anaïs, dix-sept ans, profondément attachée à son Gers natal dans le Sud-Ouest de la France et à ses amis de la fanfare. Son bac en poche, elle devra quitter sa famille et la vie à la campagne. Au fil de ce dernier été, Anaïs prend conscience de ce qu’elle aime et doit laisser derrière elle : la musique, les fêtes de village, la beauté des champs de tournesols… Mais comment avoir un avenir en pleine « diagonale du vide » ?
Critique : On aura compris que le Gers, indépendamment du foie gras, se démarque pour les nombreuses fêtes villageoises où la liesse populaire se mêle aux tintamarres musicaux organisés par l’école de musique. Se souvenir des tournesols est un retour aux sources pour la réalisatrice qui, à travers la figure d’une jeune fille de dix-sept ans qui s’apprête à quitter sa terre natale étudier à Toulouse, regarde l’attachement de la population au territoire et à la culture des lieux. Tout un programme est-on tenté de dire, même si ce projet de défense territoriale semble se réduire à la valorisation du patrimoine musical et aux nombreuses festivités qui colorent les villes.
- Copyright Bodega Films
Sandrine Mercier a vécu dans le Gers et son projet tend à défendre un territoire rural, que certains géographes assimile à un territoire du vide, dans une langue finalement assez parisiano-centriste, voire assez démagogique, où les populations juvéniles sont amenées à faire les louanges d’un mode de vie champêtre et gai, évidemment en contradiction totale avec les grandes métropoles que nombre de personnes rejoignent pour le travail ou les études. On se pose donc comment ces lieux de vie, apparemment si joyeux et animés, perdent autant d’habitants, quand on voit le cœur et l’énergie que les adultes mettent pour perpétuer les traditions. Le documentaire ne résout absolument pas cette contradiction qui perdure pendant près d’une heure trente, sans vraiment s’intéresser en profondeur aux protagonistes. Même la jeune protagoniste, Anaïs, qui est rayonnante d’équilibre et de bonheur, est quasiment réduite aux heures de musique qu’elle passe dans son école pour accompagner les fêtes locales.
Se souvenir des tournesols est pourtant pétri de qualités esthétiques. Le titre lui-même inspire beaucoup, a fortiori quand la caméra s’arrête sur ces grandes fleurs jaunes qui courbent la tête entre le début et la fin de l’été. Les réalisateurs apportent beaucoup de soin aux aspects visuels du film, à défaut hélas d’un scénario plus costaud. Finalement, le documentaire résonne comme un plaidoyer politique et touristique en faveur des vertus du Gers, avant d’être un vrai film au service des histoires de vie qui sont contées. La télévision est inondée de spots publicitaires dont l’objectif est de faire venir des personnes dans des régions désertées. On se pose ainsi vraiment la question de l’intérêt du cinéma pour porter un tel discours, là où un format plus humble aurait été aussi vertueux et efficace.
- Copyright Bodega Films
Le projet de Sandrine Mercier et Juan Gordillo Hidalgo se heurte donc à une ambition trop limitée pour donner une envergure cinématographique plus grande. Il est vrai que la jeune fille Anaïs, sa petite sœur, ses parents et les amis qui l’entourent sont très attachants. Le directeur de l’école de musique et son assistante se donnent beaucoup de mal pour valoriser le patrimoine culturel du Gers, avec un risque de mise en scène et d’exagération du fait de la présence d’une caméra. Bien sûr, on se réjouit d’autant de joies vives et d’énergies positives, mais les doutes manquent, les questionnements se réduisent à des mimiques béates, et l’explication des enjeux de désertification du Gers sont annulés par une surenchère d’émotions.
Il restera de ce long-métrage l’image très belle de l’école de musique où les élèves accrochés aux fenêtres fêtent le baccalauréat d’Anaïs. Les vachettes qui poursuivent les jeunes hommes, les traversées musicales des villages, le tour de France à vélo auront pris toute la place des personnages qui pourtant devraient fonder les ressors principaux d’un documentaire. Il y a pourtant de l’idée dans ces survolées de champs, ces plans fixes sur les tournesols, ou ces traversées musicales de villages, mais on est bien loin d’un documentaire de cinéma censé éveiller l’intérêt du spectateur.
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CleoDe5A7 11 juin 2025
Se souvenir des tournesols - Sandrine Mercier, Juan Gordillo Hildago - critique
Mais qu’ont-ils donc avec les fanfares ces temps-ci ? Le déjà vu "En fanfare"... en rappel sonore.
Et là, son omniprésence pompière finit par lasser et dévier littéralement le propos, faire dangereusement penser qu’elle est un synonyme obligatoire d’entente provinciale bon enfant, de lien fort dans les moments de fête populaire, de joie, ou lien indéfectible dans les instants de tristesse. Est-ce un documentaire sur un musicien qui a choisi de s’engager dans une petite école de musique de campage plutôt que de choisir une carrière d’orchestre ? Non.
Mais qu’en est-il alors du personnage principal ? Cette jeune fille lisse, si lisse, sans nuages, si parfaitement idéale, qui ne proteste, ni ne se fâche, ni ne s’angoisse de l’avenir, ni ne pleure même ? Un chromo qui finit par agacer, ennuyer. Le déjeuner sous les pommiers avec les vins et produits du terroir vire lui aussi au cliché. Les champs et les tournesols sont d’une beauté immémoriale, il n’y a que Van Gogh que cela angoissait... En miroir la ville est supposée pétrie de bruit et de fureur, cette dichotomie est simpliste. Un presque dépliant touristique pour citadin fatigué las des turbulences de la ville, qui rêve d’un coin tranquille pour voir passer le Tour de France... Peut-être eut-il fallu donner plus d’épaisseur à la carte postale.