Le 24 décembre 2014

- Voir le dossier : Bilan 2014, Classement 2014
Du format carré de Xavier Dolan à la crudité érotique de Lars von Trier, de la voix sans visage de Scarlett Johansson dans Her, à celle, un temps désincarnée, d’Anaïs Demoustier dans Bird People, retour sur une année de cinéma qui n’a manqué ni d’ambition, ni de chefs d’œuvre.
Du format carré de Xavier Dolan à la crudité érotique de Lars von Trier, de la voix sans visage de Scarlett Johansson dans Her, à celle, un temps désincarnée, d’Anaïs Demoustier dans Bird People, retour sur une année de cinéma qui n’a manqué ni d’ambition, ni de chefs d’œuvre.
La science-fiction avait marqué 2013 avec Cloud Atlas et Gravity, deux des projets les plus ambitieux de l’année. Plus encore, les bombes SF se sont multipliées en 2014, jusqu’à venir largement coloniser mon top 10. Qu’il s’agisse de drames intimes (Her, I Origins) ou d’épopées grandioses où se jouent le destin de l’humanité (Interstellar, X-Men : Days of Future Past, Patéma), ces films nous proposent des expériences cinématographiques singulières en même temps qu’ils interrogent les limites et les frontières du genre humain (l’intelligence artificielle, la mort, le temps, l’évolution, la gravité…).
Spike Jonze et Christopher Nolan, dont les chefs d’oeuvre Dans la peau de John Malkovich et Memento avaient déjà marqué durablement les cinéphiles au tout début des années 2000, livrent quinze ans plus tard les deux premiers films de ce top 10. Ils utilisent la science-fiction pour raconter, pour le premier, une histoire d’amour déchirante et universelle, et pour le second, une tragédie familiale. Pour compléter le podium, retenons l’extraordinaire Mommy du jeune canadien Xavier Dolan, le film le plus généreux de l’année, la claque du festival de Cannes.
D’autres œuvres ambitieuses et risquées nous ont fait voyager vers des territoires cinématographiques inattendus : le renversant Patéma, une petite merveille d’animation japonaise ; le seul film français de ce classement, Bird People de Pascale Ferran, qui fait le pari audacieux d’une séquence irréelle et merveilleuse, pour simplement raconter l’histoire bouleversante d’une rencontre ; et le premier volume des aventures érotiques de Charlotte Gainsbourg fantasmées par Lars von Trier (le second volet, plus simpliste, plus moralisateur, déçoit).
Notons aussi I Origins, l’étonnante quête scientifique et mystique de Mike Cahill, qu’on avait découvert grâce au fantastique Another Earth ; le très émouvant States of Grace, la petite pépite de l’année venue du cinéma indé américain ; et le nouveau film de David Fincher, un thriller glaçant sur le couple.
Enfin, mentionnons deux chocs cinématographiques venus d’ailleurs. Timbuktu, de Mauritanie, dont les plans sublimes nous laissent effondrés devant la terreur imposée par les islamistes. Et The Tribe, une tragédie ukrainienne radicale et une expérience à part.
1. Her (Spike Jonze)
2. Interstellar (Christopher Nolan)
3. Mommy (Xavier Dolan)
4. Patéma et le monde inversé (Yasuhiro Yoshiura)
5. Bird People (Pascale Ferran)
6. I Origins (Mike Cahill)
7. Nymphomaniac, volume 1 (Lars von Trier)
8. States of Grace (Destin Cretton)
9. X-Men : Days of Future Past (Bryan Singer)
10. Gone Girl (David Fincher)
Autres coups de cœur : Les Héritiers, Enemy, Deux jours une nuit, À la recherche de Vivian Maier, American Bluff, Les Poings contre les murs, The Tribe, Maestro, Eastern Boys, Timbuktu, Edge of Tomorrow, Magic in the Moonlight.
Le vertige de l’année : Scarlett Johansson, pour le triptyque improvisé Her, Under the Skin, Lucy, où l’on assiste à la déconstruction d’un être, à la tentative de découper l’actrice, de l’examiner par petits bouts, par lamelles, à la tentative de percer le secret, à la fois de l’être humain et du fantasme de cinéma, de la femme et de l’icône, de la conscience et du corps, de l’actrice qui prête son corps (ou sa voix) et des personnages qui s’y incarnent (ou s’y désincarnent).