z o ö m u s i c o l o g i e
Le 15 janvier 2018
- Date de sortie : 3 mai 2017
- Plus d'informations : Site officiel de Pascal Quignard
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Il est tristounet le Pascalito mais qu’est-ce qu’il écrit bien. Son avant-propos est bien senti, intéressant, géométrique, impeccable. Il y raconte son aventure théâtrale et le sujet de sa pièce, qui est tout à fait formidable. L’histoire vraie d’un religieux américain du 19ème siècle qui abandonne son sacerdoce pour se consacrer à la transcription musicale du chant des oiseaux… et aussi… du tintement du goutte à goutte dans l’arrosoir. Baruch Spinoza aux platines pour son "deus sive natura" featuring le révérend Simeon Pease Cheney dans son titre "Dieu ressemble-t- il au père noël ou bien est-il synonyme de nature ?"
- Pascal Quignard (Droits Hannah Assouline / Opale / Leemage)
- Pascal Quignard (Droits Hannah Assouline / Opale / Leemage)
Soyons un peu sérieux, car la pièce est grave. Du propos enchanteur, Pascalito tire pourtant un drame en plusieurs chapitres, pas d’actes, la pièce ressemblant à un livre parlé avec comédiens.
La dramaturgie en est la suivante : le curé hallucine sa défunte et revenante femme, morte en couche, puis rejette sa fille pour la raison précédente et enfin meurt incompris sans que son travail soit publié. L’idée Messiaenique (Olivier) du Révérend d’employer des chants d’oiseaux est pourtant géniale avant l’heure, mais totalement incomprise des éditeurs de l’époque. La reconnaissance ne lui viendra qu’à titre posthume, grâce à sa fille, finalement peu rancunière si vous voulez mon avis, qui l’éditera à compte de fille d’auteur.
Le thème et l’exercice théâtral mettent Pascalito au service de sa narration. Ils l’éloignent de son style à fragmentation, hyperactif en hypothèses, théorisant à toute blinde sur l’humain jusqu’à l’infiniment sensible (vie secrète), dont la lecture d’une seule page équivaut à toute l’œuvre reliée d’Eric Emmanuel Schmidt traduite dans toutes les langues.
C’eut été du charabia sur scène si le rythme avait été le même que dans ses livres. On gagne en clarté ce qu’on perd en densité avec cette nouvelle œuvre. Ça se regarde/lit comme "tous les matins du monde" dont il est l’auteur et qui fut adapté au cinéma par Corneau.
Pascalito est donc plus sage et toujours aussi élégant… il n’a pas peur d’être simple, y’a qu’à voir le titre, il n’a pas peur d’être poétique façon Lamartine… ils sont presque contemporains... c’est du beau, du massif, lustré à la cire d’abeille qui butinait dans le jardin qu’on aimait.
Quatre personnages sur scène dont un récitant qui pépie sa poésie. Si le livre était un oiseau, ce serait assurément un choucas des tours, avec son œil clair sur plumage noir, comme nous le donne à voir la gravure XIXème de John Gould.
Façon regard perçant de Sir Quignard.
Date de parution : 03/05/2017
Editeur : Grasset
Dimensions : 14,0 cm × 20,5 cm × 1,4 cm, 169 pages
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Galerie Photos
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