Le 27 juillet 2023
- Scénaristes : Zelihan>, Romain Lemaire>
- Dessinateurs : Romain Lemaire, Zelihan
- Editeur : PIKA Editions, Editions H2T
- Famille : Manga
La Japan Expo a proposé plusieurs conférences, dont une qui s’arrêtait sur le parcours de deux mangakas français, Zelihan et Romain Lemaire.
Pour démarrer la dernière journée de la Japan Expo 2023, rien de mieux qu’une petite conférence consacrée au mangaka français.
Deux invités sur le plateau, tout d’abord, Zelihan, l’autrice de Wandering Souls chez H2T éditions, une histoire courte en deux tomes. Et Romain Lemaire, auteur de Everdark, chez Pika, série qui en arrive à son septième tome !
Deux approches différentes, Zelihan a travaillé sur l’évolution de ses personnages, car en deux tomes, il fallait vraiment que l’on sente l’impact des aventures sur ses deux protagonistes. Romain Lemaire, lui, a opté pour un travail de fond sur l’univers d’Everdark, ce qui lui a permis ensuite de mettre en place des personnages cohérents. En effet, avec plus de cinq tomes parus, la série compte plus de mille pages. Deux approches différentes donc qui se justifient par le format choisi.
Puis Romain Lemaire et Zelihan ont évoqué leur parcours. Zelihan dessine depuis l’enfance, elle a commencé vers 8-10 ans et ne s’est jamais arrêtée. Passionnée de manga, c’est naturellement vers ce style graphique qu’elle s’est orientée. Elle s’est formée en autodidacte, en s’appuyant sur des livres de scénario, de dessin, et puis elle a consommé beaucoup de mangas, par passion, mais aussi pour regarder les différents styles, les codes de ce genre de BD. Elle a tenté le concours Ki-Oon, pour s’entraîner à dessiner dans une durée limitée, et développe depuis toujours elle-même ses histoires. Finalement, elle a fini par être éditée chez Pika pour son premier récit.
Romain Lemaire lui, a suivi des études qui l’ont mené à la fac, entre langues étrangères et arts plastiques, où il avait l’impression de ne pas avancer. Il voulait se confronter à la vie active, c’est là que Reno Lemaire, son cousin, l’auteur de Dreamland, lui propose de devenir son assistant sur ce manga. Le choix du format pour ses futures histoires s’est imposé à Romain à ce moment-là, le manga de deux cent pages, c’était pour lui. Pour mieux comprendre les codes, il a analysé différents mangas, Dragonball pour le découpage des scènes d’action, Berserk pour le travail d’encrage.
Nous avons ensuite appris comment travaillaient ces deux auteur-autrice.
Romain explique qu’il faisait sur les cinq premiers tomes le crayonné et l’encrage en traditionnel, à la plume, puis passait en numérique pour les tramage et les gris. Pour sortir de sa zone de confort, il a tenté le tome six en tout numérique, mais il s’est plutôt ennuyé, il avait perdu la sensation du papier. Alors pour le tome sept, il est revenu au traditionnel, mais a abandonné sa plume pour un bic, qui donne un encrage plus vif, se rapprochant de l’énergie du crayonné. Puis, il accentue ses noirs à l’ordinateur.
Zelihan préfère elle aussi le traditionnel, elle a essayé la tablette graphique, mais les deux sensations sont trop différentes pour elle. Dès qu’elle peut, elle favorise le dessin traditionnel. Pour son magna, elle a travaillé au feutre, à la plume, au bic, et a effectué, elle aussi, les tramage et les gris à l’ordinateur.
Une personne dans le public s’interroge sur ce qu’il recommanderait au final, numérique ou traditionnel ?
Zelihan et Romain Lemaire se rejoignent, c’est le résultat qui compte, le plaisir, et aussi le fait de tenir les délais. Ils recommandent de ne pas s’embarquer dans une technique qui prend énormément de temps et vous mettra en retard. Il s’agit d’un équilibre à trouver entre plaisir et contraintes.
À une question sur les relations avec les lecteurs, Zélihan répond que son premier lecteur reste son éditeur, pendant la phase de création, Les retours de ce dernier lui évite beaucoup d’erreurs. Puis elle a les avis de sa famille et de ses amis, des encouragements parfois peu objectifs, mais qui font chaud au cœur. Les retours de lecteurs sur internet sont très variés. Elle n’est pas très présente sur les réseaux sociaux mais elle n’a jamais eu de critique de la série. Elle se rend compte de certaines erreurs en revenant en arrière, mais elle pense qu’il ne faut pas se focaliser dessus, le plus important est de comprendre l’erreur pour s’améliorer et ne pas la reproduire, et de continuer à avancer. Si les critiques sont justifiées, il faut en tenir compte et sinon, il faut les mettre de côté et continuer son travail.
Romain Lemaire ne regarde pas les réseaux sociaux. Pour lui, l’important est de rencontrer les lecteurs dans les festivals et les conventions. Il veut discuter de vive voix avec eux. Son objectif est de monter la barre au fur et à mesure, pour que le niveau de qualité soit de plus en plus fort. Il travaille sur l’ensemble du storyboard d’un tome qu’il envoie à son éditeur, auquel succède une période d’échanges. Romain Lemaire prend ce qui est intéressant sinon, il explique pour quelles raisons il ne peut mettre en place certains retours.
Sur la question de la périodicité des publications, entre l’édition d’un tome et la publication hebdomadaire en vigueur au Japon, Zélihan explique que quand un tome sort en France, il est inconnu du grand public. La prépublication peut laisser le temps à une BD d’être découverte, de s’installer. Il y a des pistes à explorer dans la prépublication numérique mais les gens ne ne sont pas vraiment familiers de ce système. Dans le cas d’une BD complète, les libraires doivent aussi lui trouver une place parmi toutes les sorties.
Romain Lemaire rajoute que pour lui, vingt pages hebdomadaires, il ne pourrait pas tenir. Il rappelle qu’il existe aussi des mensuels où publient énormément de mangaka japonais, où là, on ne leur demande que trente pages par mois. Mais lui préfère penser un tome dans sa globalité, deux cent pages. Il ne pourrait pas travailler par vingtaine de pages, il pense que d’ailleurs, parfois, des séries ont du mal à trouver leur rythme, car l’auteur ne sait pas combien de temps ça va durer, et ça peut se ressentir dans les fins de série.
Suit une question du public sur le pitch, Zelihan trouve que c’est important pour le lecteur, car ça permet d’expliquer rapidement une série, lors d’une rencontre en festival. Romain Lemaire estime que c’est capital pour l’éditeur, pour le convaincre. Pour le lecteur, la couverture est également importante.
À propos du webtoon, Zelihan, dit en lire beaucoup sur un temps court, puis ne plus y touche pendant des mois pour y revenir ensuite. C’est très différent du manga. Pour Romain Lemaire, c’est un format intéressant qu’il voudrait découvrir mais il n’en lit pas. Pour toucher un plus large public, peut-être faudrait-il adapter leur manga en webtoon ?
Ce sera le mot de la fin, car les deux auteurs doivent se rendre en dédicaces. Mais notons qu’en plus de nous informer sur leurs méthodes de travail, leur parcours, les deux auteurs ont dessiné au fil de la discussion. Des dessins que nous avons pu voir grâce à l’écran et au système de caméra mis en place pour la conférence.
Ce qui nous offre une belle conclusion en dessin pour cet article !
Galerie Photos
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