Le 18 décembre 2025
Lee Young-do écrit ce récit de fantasy qui nous plonge dans un monde étrange traversé par un groupe de pèlerins inattendus. Ce premier tome nous entraîne de surprise en surprise, à la rencontre de différents peuples.
- Auteur : Lee Young-do
- Collection : Le rayon imaginaire
- Editeur : Hachette
- Genre : Fantasy
- Nationalité : Française
- Traducteur : Marion Gilbert
- Date de sortie : 29 octobre 2025
- Plus d'informations : Le site de l’éditeur
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Résumé : « L’oiseau qui boit des larmes T.1 Le cœur des Nagas » commence par un homme marchant, solitaire, dans le désert de Punten. Il arrive à « la dernière auberge », qui doit son nom au fait qu’elle est la seule proche de la « Ligne » séparant le monde des hommes de l’immense forêt de Kiboren où règnent les Nagas. L’inconnu vient du Sud et donc de cette contrée où nul ne peut survivre. Comment a-t-il fait pour rester en vie ? L’aubergiste s’interroge. D’autant que l’étranger porte un lourd sac laissant une traînée sanglante derrière lui. Le tenancier est choqué lorsqu’il en découvre le contenu. Et il ne sait plus que faire quand le mystérieux marcheur lui demande de cuisiner tout cela...
Critique : Lee Young-do, né en Corée du Sud, écrit cette tétralogie de fantasy dont "Le cœur des Nagas" est le premier tome. Il nous dépeint un monde mystérieux, comportant plusieurs peuples qui se connaissent peu et ne se fréquentent pas. D’ailleurs, nous, simples lecteurs, ignorons tout d’eux. Seuls les humains nous sont familiers. Pour compenser cette lacune et éviter de nous laisser dans le flou, Lee Young-do passe par une astuce connue. Keïgon Draka, l’homme qui arrive à l’auberge muni d’un sac sanglant, maîtrise les us et coutumes des différents peuples. Il en aura bien besoin, car il se retrouve confronté à un Rekkon, nommé Tinahane, géant à la tête d’oiseau et au corps couvert de plumes, brandissant avec lui une lance de sept mètres, à un Tokkebi, personnage facétieux et non-violent maniant un feu magique et à un Naga, humanoïde couvert d’écailles et réputé immortel. Le quatuor est chargé d’une mission et, au cours de ce périple, apprennent à se connaître les uns les autres, grâce à Keïgon, qui sait déjà tout des cultures de chacun et peut ainsi les renseigner et nous informer par la même occasion. Paradoxalement, Keïgon reste celui qui a le plus de mystères et dont le passé demeure inconnu.
Sur l’intrigue, nous ne vous dirons rien de plus, car c’est un vrai plaisir d’entreprendre ce voyage avec cette petite troupe et de découvrir, tout comme eux, les obstacles qui se dressent sur leur route.
Lee Young-do nous offre un mélange d’aventures, d’action et d’humour, mais comme les conflits intérieurs et les attentes de chacun sont mis à rude épreuve, l’émotion est aussi présente.
On s’attache ainsi très vite à ce quatuor, mais également aux autres personnages que l’on est amené à croiser dans le récit.
À travers le prisme de la fantasy, Lee Young-Do nous offre un roman picaresque où les situations absurdes, les messages politiques, les personnages désabusés se mêlent à l’étonnement d’un choc de culture, le même que partageaient Usbek et Rica dans Les Lettres persanes de Montesquieu. En effet, le récit dénonce très clairement les ambitions politiques, les quêtes avides de pouvoir qui caractérisent les humains dans cet univers. Seul Keïgon semble faire exception, mais pour quelle raison est-il si sage ? Ou si inquiétant ? Mais les autres peuples ne sont pas exempts de défauts, la jalousie et la fidélité absurde aux traditions ancestrales sont présentes chez les Nagas. La colère et le caractère sanguin caractérisent les Rekkons, tandis que les Tokkebis poussent le pacifisme à l’extrême, hésitant à verser le sang pour sauver un ami, et se réfugient derrière l’humour, mais sont pourtant un des peuples les plus craints de ces contrées. L’absurdité du pouvoir est aussi mise en scène dans la société matriarcale des Nagas, qui inversent les rôles. Les femmes dominent le monde et les mâles sont là pour perpétuer l’espèce et optionnellement pour le plaisir. Mais rien n’est aussi simple et Lee Young-do parvient à nous entraîner dans une direction, avant de repartir dans une autre. Les rapports de pouvoir sont plus complexes qu’il n’y paraît et, à nouveau, seul Keïgon Draka détient les clés permettant de saisir souvent les véritables enjeux. Ce qui a la faculté d’étonner à chaque fois ses trois compagnons et de nous amuser.
Pour toutes ces différentes raisons, ce récit est très agréable à lire. On s’amuse autant qu’on réfléchit. Un point original de cet univers, en tout cas, notable dans ce premier tome, est le faible nombre de morts violentes, malgré la quantité d’affrontements. Et ce n’est pas uniquement à cause du pacifisme de Pihyong le Tokkebi. En effet, ce n’est pas toujours lui qui retient Tinahane le Rekkon de frapper tous ceux qui l’agressent. Chaque personnage, avec ses qualités et ses défauts, pour différentes raisons, a un respect de la vie, en tout cas, au pire, de certaines vies. Ce qui rend les rares scènes de massacre encore plus choquantes à la lecture et remet la violence à sa juste place, l’expression d’une haine farouche que rien ne peut contrôler et dont la libération n’a rien de plaisant à voir. Lee Young-do nous décrit donc un monde de fantasy médiévale, où complots et enjeux politiques sont de mise, où l’amitié a encore de la valeur et où le meurtre n’a rien de naturel.
Ce qui change également dans cette histoire, ce sont ses inspirations asiatiques. Le Naga renvoie aux créatures éponymes de la culture indienne, le Rekkon évoque en partie le Tengu japonais et il y a en plus des créatures fantastiques que l’on retrouve au fil des pages, revisitées de manière surprenante.
Finalement, ce qu’il y a de plus embêtant avec ce roman, c’est qu’il faudra attendre un an pour chaque tome et il en reste trois. Le volume deux arrivera en 2026, mais le quatrième et dernier paraîtra en 2028.
L’oiseau qui boit des larmes T.1 Le cœur des Nagas est une histoire de fantasy efficace, qui met en scène des personnages variés, tous attachants, sur une intrigue de fond qui garde son mystère tout en nous offrant des réflexions sociétales et de jolis rebondissements.
608 pages – 26 €
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