Critique : Ce petit livre d’un peu plus de cent pages offre donc une belle place au noir. Une introduction sur ce champ chromatique, la manière dont on crée le pigment, et les visions que l’on peut avoir selon notre culture de cette couleur, ou non-couleur, nous placent au cœur du sujet. Puis viennent les analyses d’œuvres. Ces études accompagnées de schémas explicatifs et de petits encadrés résument un mouvement, une idée, une évolution, permettent de suivre très rapidement les idées de l’ouvrage.
Mais attention, tout cela n’est pas austère, car l’auteure sait manier l’humour. L’art n’est pas un legs du passé à placer sur un autel, mais bien le travail d’artistes qui peut être compris et rendu accessible, et pourquoi pas avec une pointe de rire toujours bienvenue.
Chaque analyse tient sur une page, complétée par une image de la toile ou de la sculpture choisie. Les textes simples et courts permettent de se faire une idée de l’œuvre, mais aussi de l’artiste.
Nous avons juste un petit regret. A nos yeux, l’interprétation de l’utilisation du noir, de son impact, de sa présence, n’est pas toujours au centre de l’analyse, si l’on se réfère, par exemple, aux travaux de Keith Harring ou de Ronnie Tjampitjinpa. D’autres informations sont présentes pour équilibrer et on en apprend à chaque page, mais c’est un tel plaisir de se pencher sur l’axe précis du noir qu’on est forcément un peu déçus quand cela manque dans l’article.

Editions du Chêne

Graphiquement, ce livre offre de belles reproductions d’œuvres anciennes et récentes. On éprouve un vrai bonheur à feuilleter, à regarder, mais aussi à parcourir les petits encadrés, les notes drôles et intéressantes. C’est un bonheur de (re)découvrir ces peintures de Renoir, Fantin-Latour ou encore ces dessins de Seurat et de les traverser sous le prisme d’un point commun, l’utilisation du noir.
C’est au sujet des légendes qu’on peut soulever une petite question. Pourquoi ne pas mettre, dans les textes qui accompagnent les œuvres analysées, les dimensions des toiles ou des sculptures ?
Elles sont bien indiquées, mais tout à la fin du recueil, de sorte qu’il est curieux de ne pas pouvoir tout de suite, dans la lecture de l’article, se représenter la taille des toiles étudiées.
De même, différents détails des peintures sont présentés en grand sur les quatre premières pages du livre, et il est dommage de devoir se rendre à la fin pour chercher et découvrir les titres et auteurs de ces toiles que nous ne connaissions pas forcément. Bien sûr, ce ne sont là que des détails d’organisation. Mais il est intéressant de les mentionner, car après tout ces petits défauts pourront être rectifiés dans les prochains tomes, afin de faciliter la lecture et le plaisir. Car, à n’en pas douter une fois le livre fermé, on est curieux d’aller découvrir les autres tomes de cette collection, sur l’utilisation de la couleur dans l’art.
Bref, Noir - Ça, c’est de l’art, des grottes de Lascaux à Pierre Soulages est une immersion courte, précise, drôle et sérieuse en même temps.
Quelques petits défauts d’organisation sont à regretter, mais rien qui dissuadera de creuser le sillon que ce livre vous ouvrira sûrement, pour en savoir plus sur tel peintre, tel sculpteur ou telle œuvre.