Le 29 septembre 2025
Une succession de situations aussi dramatiques qu’ubuesques pour nous plonger dans l’enchevêtrement des réseaux de drogue qu’une justice pourtant attentive peine à démanteler.
- Réalisateurs : Jean-Robert Viallet - Alice Odiot
- Genre : Documentaire, Film de procès
- Nationalité : Français
- Distributeur : JHR Films
- Durée : 1h26m
- Date de sortie : 1er octobre 2025
- Festival : FIPADOC 2025, Festival2Valenciennes 2025
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Résumé : Une grande porte en métal qui coulisse pour laisser entrer les fourgons de la police. Des hommes en sortent, avec leurs histoires. Des murs, des geôles, des escaliers en pierre, des salles d’audience, des coulisses, des larmes, des cris, des regards. Le tribunal de Marseille est débordé par les affaires de stupéfiants. Ceux qui sont jugés là sont les gérants d’une économie du chaos. Ce sont aussi les petits travailleurs du shit, des enfants qui ont grandi seuls. En contrebas, le port, au loin, les quartiers périphériques, la ville bouillante, remplie de ses blessures. De ses beautés aussi.
Critique : En 2019, avec Des hommes, Jean-Robert Viallet et Alice Odiot nous proposaient une visite tout à la fois effrayante et fascinante des coulisses de la prison des Baumettes à Marseille. Cette fois, c’est au Palais de justice de Marseille qu’ils nous convient au cœur du tribunal, ce huis clos théâtral où chacun joue un rôle, perchoir idéal pour observer au plus près la comédie humaine.

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Comme autant de courtes scènes, les comparutions immédiates s’enchaînent. Les prévenus, hommes ou femmes, délivrent leur vérité entre maladresse et sincérité. Guetteurs, ravitailleurs, nourrices, dealers, tous évoquent la tentation de l’argent facilement gagné pour échapper à une misère prégnante. Une jeune femme fait amende honorable, avoue qu’elle n’a pas anticipé les conséquences de ses agissements. Elle affirme être novice. On la sent perdue. Face au juge, elle n’a pas le langage adéquat mais accepte d’être reprise et s’applique à s’exprimer du mieux possible. Sa bonne foi nous ébranle et l’on espère que le jugement sera clément quand on apprend qu’elle n’en est pas à son coup d’essai. Ne serait-elle tout simplement pas une excellente comédienne ? Un homme aux cheveux blancs semble ne pas comprendre ce qu’on lui reproche. Il cherche des soutiens parmi ses amis (ou complices) présents. Il a pourtant déjà perdu son fils à cause de ses trafics et s’apprête à y mêler son petit-fils. Il admet, reconnaît mais ne convainc pas vraiment.

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Ces témoignages équivoques, désespérés, troublants, rendement compte de la difficulté du rôle du juge. Charismatique, le regard bleu en prise direct avec ceux qu’il interroge, il revient avec calme et détermination sur les événements compilés dans les rapports de police, n’hésitant pas à mettre les accusés face à leurs contradictions. Néanmoins, il prend toute la mesure des conditions de vie parfois dramatiques de ceux à qui la société n’a pas toujours su tendre la main au bon moment. La tâche se complique encore face à un mineur récidiviste. Si la procureure de la République joue la carte de la rigueur, la juge, d’une infinie patience, privilégie la pédagogie tout en s’interrogeant sur son efficacité. Le bouquet final surgit à la faveur du jugement d’une femme certes coupable mais surtout traitée en esclave absolue par ceux qui l’exploitent, psychologiquement fragile et éloignée depuis trop longtemps de tout ce qui fait société. La parole de son avocat qui réclame pour elle des soins plutôt que la détention résonne particulièrement fort. Sa condamnation suscite cris, insultes et incompréhension face à une justice plus prompte à enfermer qu’à éduquer.
Évitant tout jugement et encore bien plus toute proposition de solution, ce documentaire décrit une réalité brute pour interroger sur l’inefficacité d’un empilement de lois punitives au détriment d’une vraie volonté politique apte à donner un avenir à une jeunesse perdue et à ne laisser personne au bord du chemin.
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