Le 14 août 2025
Mieux vaut n’avoir pas vu les films dont il s’inspire pour pleinement savourer ce Y a-t-il un flic modernisé, qui paraît étonnamment sage par rapport à ses prédécesseurs.
- Réalisateur : Akiva Schaffer
- Acteurs : Liam Neeson , Danny Huston, CCH Pounder, Kevin Durand, Dave Bautista, Pamela Anderson, Paul Walter Hauser, Moses Jones
- Genre : Comédie, Action
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Paramount Pictures France
- Durée : 1h25mn
- Titre original : The Naked Gun
- Date de sortie : 13 août 2025
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Résumé : Un seul homme possède des compétences… disons uniques… pour diriger la prestigieuse Brigade Spéciale et… sauver le monde, tout simplement ! Cet homme, c’est le lieutenant Frank Drebin Jr. — oui, vous avez bien lu — c’est lui qui suit les traces de son illustre père...
Critique : « Je ne le verrai pas, puisque je ne regarde aucune des suites de mes films réalisées par d’autres personnes. Ça me va très bien comme ça. » Voilà les termes, peu amènes, par lesquels David Zucker, membre du trio comique infernal ZAZ et cocréateur de l’immortel Frank Drebin, réagissait la semaine dernière aux (bons) premiers chiffres au box-office de ce nouveau Naked Gun.
Exit donc les frères Zucker (David, donc, et son frère Jerry), devenus has been, ainsi que Jim Abrahams et l’interprète Leslie Nielsen, devenus morts, et place à Akiva Schaffer pour donner vie à cette nouvelle mouture. Aussi superflu que prévisible – puisque sorti au cœur d’un mois d’août 2025 pavé de relectures, tout aussi inévitables, de Freaky Friday et Karaté Kid – ce Y a-t-il un flic pour sauver le monde ? parie a priori sur le bon cheval en laissant les clés du camion à Schaffer. Comme les ZAZ, c’est dans un trio comique que le bonhomme a été révélé : The Lonely Island, triumvirat spécialiste de la gaudriole chantée et du comique youtubesque disposant de son rond de serviette à l’émission Saturday Night Live. Comme également les ZAZ, Schaffer a bien négocié son transfert depuis la petite lucarne vers le grand écran, en réalisant Hot Rod, hilarant récit d’un motard décérébré et le « documenteur » Popstar : Never Stop Never Stopping, sorte de This is Spinal Tap pour la génération rap bling-bling.

- © 2025 Paramount Pictures / Frank Masi. All rights reserved.
Dans les faits, pourtant, la greffe ne prend pas totalement. Certes, Schaffer reste au plus près de l’esprit de la saga originale, en bombardant son film de gags intempestifs, de running gags hénaurmes (les gobelets de café de plus en plus grandes servis à l’inspecteur Drebin) et de clins d’œil méta-fictionnels plus ou moins voyants – dont, un, rendu à O.J. Simpson, acteur secondaire de la franchise devenu le meurtrier suspecté que l’on sait. Il manque, pourtant, ce qui faisait tout le sel des longs-métrages des ZAZ : cette impression de bordel ambiant, de cadre qui déborde et semble sur le point d’exploser.
Chez les ZAZ, légion sont ces scènes où le gag est caché au deuxième ou troisième plan, en marge de l’action principale, alors même que deux personnages discutent avec un visage marmoréen. Cet appétit de la vanne se retrouvait aussi dans les genres taclés par le trio : plus que des parodies, leurs films étaient surtout des pastiches, prenant un genre « sérieux » – catastrophe, policier… – pour mieux en exposer tous les poncifs et les facilités. Leur meilleur long-métrage, d’ailleurs, est sans doute celui qui empile le plus de genres différentes : l’excellent Top secret !, synthèse détonante des bluettes interprétées par Elvis Presley, des films de guerre et de ceux d’espionnage parano sur fond de guerre froide. Partant, les films des ZAZ épinglaient aussi les mœurs et les obsessions de leurs contemporains. Dans sa propre critique de Y a-t-il un flic pour sauver le monde ?, Owen Gleiberman, de Variety, écrivait que le premier de la saga était « un film sur la façon dont on regarde les films ».

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Il ne reste plus grand-chose de tout cela dans ce millésime 2025 : le méchant y devient bien un crypto-Elon Musk (comme partout ailleurs…) mais, pour le reste, le film reste bloqué sur une mythologie pop-culturelle vieille de deux ou trois décennies (Buffy contre les vampires, Sex & The City et les Black Eyed Peas sont tous cités au détour d’une réplique), alors que Nothing’s Gonna Stop Us Now, kitschissime scie des années 80 – déjà utilisée dans l’avant-dernier Marvel il y a trois mois ! – sert de générique de fin. Même regard dans le rétro pour l’intrigue, qui recycle comme ses prédécésseurs les archétypes des vieilles séries noires (femme fatale et hommes de main patibulaires), et la présence de Liam Neeson et Pamela Anderson ; deux stars d’hier, revenus d’à-peu près tout, et tirant peut-être la dernière carrière de leurs cartouches en dents de scie. En fait, ce Y a-t-il un flic nous donne furieusement envie de revoir les originaux – de quoi, peut-être, consoler David Zucker…
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