Peut-on rire de sujets brûlants en littérature ? Entendez par là, la religion musulmane. Oui, assurément. C’est dans ce sens que va le Allah superstar de Y.B. Kamel nous raconte son histoire, celle d’un ado de banlieue pas vraiment représentatif de ceux que la télé se complaît à présenter, "sauf Jamel Debbouze". Qui ne se reconnaît pas dans les clichés sur les Arabes, la jeunesse à la dérive ou les idées reçues sur les banlieues.

Et d’ailleurs, son rêve c’est de faire comique. Ecrire un one man show, creuser son trou comme Gad Elmaleh ou, encore et toujours, Jamel Debbouze... Entrer dans le show biz par la grande porte. Mais pour ça, il faut qu’on lui laisse sa chance. Il faut dégoter le créneau porteur, celui qui saura heurter pour faire parler de lui. Le nom de scène, déjà... Son deuxième prénom, c’est Léon, un cadeau de sa mère destiné à faciliter l’intégration. Kamel Léon, un bon début pour une carrière de comique ! Evidemment, le sujet qui fâche sera le fanatisme, les kamikazes, Ben Laden et compagnie, 11 septembre oblige... Tout ça pour qu’une fatwa soit lancée contre lui, histoire que les médias s’intéressent à son cas !

A partir de cet argument plutôt léger, Y.B. a écrit le récit d’une génération bercée par deux cultures. Et nul doute que le ton employé et la manière d’aborder le sujet, un ton flirtant entre l’ironie et la colère, fait beaucoup dans la réussite de cet ouvrage. Car c’est une véritable diatribe contre les clichés et les idées reçues que nous livre Y.B. Contre la compassion ou le tableau apocalyptique dressé par les médias des "banlieues difficiles", contre cette célébrité qui permet soudain d’ouvrir toutes les portes.

Un récit mené à cent à l’heure grâce à un style étonnant. Et qui, finalement, ne fait de cadeau à personne, et surtout pas aux intégristes. L’humour constitue-t-il la meilleure arme contre le fanatisme et l’extrémisme ? Y.B. en semble convaincu. Et il nous en persuade par la même occasion...