Action collective
Le 17 janvier 2011
Le cinéaste Raffi Pitts a demandé à l’industrie du cinéma de cesser le travail symboliquement le 11 février prochain.
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L’artiste iranien veut ainsi montrer sa solidarité avec ses compatriotes et confrères Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof, récemment condamnés à des peines de prison. Dans un communiqué, il demande aux cinéastes et autres membres du 7e Art d’arrêter de travailler entre 15h et 17h, le 11 février 2011, 32e anniversaire de la révolution iranienne.
Nous publions la lettre ouverte adressée par Raffi Pitts au président iranien Mahmoud Ahmadinejad.
Lettre à M. Ahmadinejad
En 1979, il y a eu une Révolution. Sa commémoration, le trente-deuxième anniversaire de notre révolution iranienne, se tiendra le 11 février 2011. Je vous rappelle ces faits car j’ai l’impression que vous en avez oublié les causes. Je me trompe peut-être, ou peut-être devriez-vous vous expliquer. Vous avez peut-être votre propre définition de notre révolution... Dans ce cas, je pense que vous devriez répondre à la question : “Pourquoi avons-nous eu une révolution en 1979 ?”
Le temps est également venu de clarifier vos raisons pour l’éviction des cinéastes. Vos raisons pour vouloir sacrifier une vie, une carrière, au nom de la Révolution, ou peut-être ma question n’est-elle pas la bonne : ne s’agit-il pas tout simplement de votre réélection ? Jafar Panahi, l’un de nos plus importants cinéastes, un ami proche pour lequel j’ai grand respect et admiration, est actuellement emprisonné, par votre gouvernement, par votre loi. Il est condamné à six ans pour avoir voulu faire un film, un film qu’il n’a même pas réalisé. Six ans de prison pour en avoir eu l’idée. A cela s’ajoutent vingt ans d’interdiction d’exercer son métier et vingt ans d’interdiction de sortie de territoire. Mohammad Rasoulof, un autre jeune cinéaste important, se trouve également condamné aux mêmes peines. Son crime : avoir travaillé avec Jafar Panahi. Ils sont tous deux punis de s’être intéressés à leurs compatriotes. Punis d’avoir voulu comprendre les événements de juin 2009. Punis de s’être préoccupés des vies perdues dans les conflits issus des élections. Dois-je vous rappeler que les candidatures étaient validées par le régime ? Les choix étaient clairs et parfaitement légaux. Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof ont pris leur décision aux côtés de la majorité de notre industrie cinématographique. C’est devenu le Mouvement Vert. C’est un droit qui nous avait été donné.
– Y-a-t-il un problème à vouloir comprendre pourquoi des gens sont morts lors de nos dernières élections ?
– Pensez-vous que le pays ignore les violences provoquées par les résultats de ces
élections ?
– Est-ce un crime que Jafar Panahi veuille faire un autre film ?
– Est-ce un crime que Mohammad Rasoulof veuille questionner la réalité ?
– Est-ce parce que les cinéastes veulent tendre un miroir pour questionner la société ?
– Avez-vous peur d’un point de vue qui contredirait le vôtre ?
Dans ce cas, répondez à la question : “Pourquoi avons-nous eu une révolution ?”
Rafi Pitts
Paris, le 24 Décembre 2010.
Galerie photos
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