Ce "Plus jamais !" qui recommence...
Le 19 août 2008
Un docu hybride, entre choc des images et naïveté du propos. Même s’il s’adresse avant tout au public américain, Darfour : du sable et des larmes n’en reste pas moins salutaire.
- Réalisateur : Paul Freedman
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Américain
- Date de sortie : 20 août 2008
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– Durée : 1h33 mn
– Titre original : Sand and sorrow
Un docu hybride, entre choc des images et naïveté du propos. Même s’il s’adresse avant tout au public américain, Darfour : du sable et des larmes n’en reste pas moins salutaire.
L’argument : Le cinéaste Paul Freedman, lauréat du Peabody Award, nous plonge dans la réalité de la situation au Darfour. Il s’est joint à un contingent des forces pour la paix de l’Union Africaine au Darfour, où l’une des pages les plus tragiques et perturbantes de l’histoire de l’humanité est en train de s’écrire. Alors que les hommes et les femmes de cette mission affrontent des conditions très dures et une violence sans limites, deux millions et demi de personnes déplacées n’ont pas d’autre choix que de trouver refuge dans des camps sordides. A ce jour, on estime que 400 000 civils ont perdu la vie.
John Prendergast, Samantha Power et Nick Kristof, chroniqueur au New York Times, conduisent le spectateur à travers les camps de réfugiés le long de la frontière entre le Soudan et le Tchad, dans les charniers du Darfour, et dans les bureaux du Sénat des Etats-Unis pour plaider la cause des innocents du Darfour. Ce trio passionné inspire un mouvement de défense dont les rangs ne cessent de grossir.
Notre avis :Le 14 juillet dernier, le procureur de la Cour pénale internationale a demandé l’inculpation du président soudanais Omar el-Béchir pour crimes de génocide au Darfour. Depuis un mois, la polémique fait donc rage tant la délivrance d’un mandat d’arrêt par les juges risque d’être fatale à un processus de paix déjà très fragile. D’un autre côté, ce ne sont rien moins que la crédibilité de la CPI et l’idée même de justice internationale qui sont en jeu. Dans un contexte tendu, Darfour : du sable et des larmes, réalisé en 2007, tombe à pic pour rappeler la réalité d’un génocide qui a fait plus de 400 000 morts et 5 millions de réfugiés.
Il y aurait toutefois pas mal à redire à ce documentaire assez brouillon qui hésite en permanence entre un témoignage cru sur les crimes commis au Darfour par les miliciens pro-gouvernementaux Janjawids et un carnet de bord d’autant plus candide de la montée de la mobilisation de l’opinion publique américaine. N’oublions pas que, produit et narré par George Clooney, le documentaire est le résultat de l’engagement de l’acteur, qui a permis une prise de conscience au sein de la population américaine. Le spectateur non américain prend, lui, le risque de se sentir facilement dédouané - on cible avant tout l’immobilisme de l’administration Bush - tout en se désintéressant rapidement du débat sur le bien et le mal des lycéennes américaines. Plus que dans la pertinence de l’analyse, la force de Darfour : du sable et des larmes réside donc davantage dans les images brutes tirées du reportage : corps brûlés vifs ou tailladés indiffusables dans un JT, dessins apocalyptiques d’enfants rescapés, témoignages des victimes de viols, crise de conscience des forces de l’UA qui assistent avec ordre de ne pas intervenir au massacre des populations civiles à quelques mètres d’elles.
Si on préférera le travail plus rigoureux de Christophe Ayad et Vincent de Cointet avec Darfour : autopsie d’une tragédieou celui de Jean-Philippe Lacaille avec Les déplacés du Darfour, deux documentaires diffusés en décembre dernier sur Arte, celui de Paul Freedman a tout à fait sa place parmi les trop rares témoignages sur un génocide longtemps ignoré.
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