Le 26 août 2025
Ce vibrant hommage au métier d’infirmière en hôpital est non seulement d’un réalisme parfait mais il est surtout porté par une Leonie Benesch absolument exceptionnelle. Une œuvre d’utilité publique.
- Réalisateur : Petra Biondina Volpe
- Acteurs : Leonie Benesch, Sonja Riesen, Selma Adin, Jasmin Mattei, Anna-Katharina Müller, Urs Bihler, Margherita Schoch, Jürg Plüss
- Genre : Drame social
- Nationalité : Allemand, Suisse
- Distributeur : Wild Bunch Distribution
- Durée : 1h32mn
- Titre original : Heldin
- Date de sortie : 27 août 2025
- Festival : Festival de Berlin 2025
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Résumé : Floria est une infirmière dévouée qui fait face au rythme implacable d’un service hospitalier en sous-effectif. En dépit du manque de moyens, elle tente d’apporter humanité et chaleur à chacun de ses patients. Mais au fil des heures, les demandes se font de plus en plus pressantes, et malgré son professionnalisme, la situation commence dangereusement à lui échapper…
Critique : Il y a des films où le métier d’acteur force à l’admiration. En première ligne est de ceux-là. Leonie Benesch interprète une infirmière dans un service de chirurgie qui se partage avec une collègue et une stagiaire près de vingt-six patients. L’actrice semble avoir exercé toute sa vie ce métier, tant elle est est parfaite dans l’exécution des gestes infirmiers qui rythment la journée d’un soignant. La ténacité, la précision des techniques médicales, la fatigue, l’insatiable investissement dénotent chez elle, un talent pour l’art dramatique rarement vu au cinéma ces dernières années.
Mais Première ligne ne doit pas sa réussite qu’à la seule Leonie Benesch. La mise en scène de Petra Biondina Volte, accompagnée du début à la fin d’une musique de fond, est d’une terrible efficacité. Le démarrage de la journée de l’infirmière s’ouvre sur d’excellents auspices, jusqu’à ce que la tension prenne le pas sur tout le reste. L’infirmière doit jouer tous les rôles : évidemment celui de soignante, mais aussi de brancardière, d’aide-soignante, de serveuse, avec le risque de plus en plus perceptible au fil de l’histoire, qu’elle perde pied, qu’elle commette une erreur médicale ou que tout simplement elle explose en plein vol. Et le spectateur peut bien imaginer que c’est exactement ce qui va se passer dans cette heure et demie condensée, mais diablement rythmée.

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Voilà donc un film qui rend tout entier hommage au métier d’infirmier, sans lequel aucun hôpital ne pourrait fonctionner. D’ailleurs, en épilogue, la réalisatrice rappelle que 36 % des infirmières abandonnent leur métier en cour de carrière et que tous les observateurs spécialisés s’alarment du manque crucial de personnels formés dans les structures de soin. Tout est dit dans les gestes de Floria : l’exigence de certains malades qui confondent lieu de soin et hôtel, la pression des demandes des familles, et le manque absolu de moyens pour que les choses se passent au mieux.
La fiction adopte tous les traits d’un documentaire. En même temps, le fait qu’il s’agisse d’une narration offre au spectateur la possibilité de croire que tout n’est pas vrai. Et pourtant, la réalisatrice ne travestit en rien la réalité des hôpitaux suisses, et plus largement européens. Ce qui est tout à fait heureux demeure aussi la place des malades. Certains sont au bord de la mort et leur présence rappelle l’impétueuse nécessité d’humaniser les lieux de soins. On ne peut que s’identifier à ces tranches de vie, et se dire que demain, on pourrait être à leur place, dans l’attente d’un médicament, d’une écoute, d’un peu d’attention et de bienveillance. Les médecins en prennent pour leur grade, à l’exception de quelques-uns qui ont conscience de l’extrême difficulté de l’exercice infirmier dans un hôpital. Et, ce qui est rassurant, c’est que l’offre de soin ne fait pas la différence avec des gens riches ou pauvres, qui tous, espèrent quitter au plus vite leur lit.

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On se souvient des nombreuses séries américaines ou françaises qui traitent des questions médicales, les plus célèbres étant Urgences ou Grey’s Anatomy. Le parti pris de la réalisatrice ici est moins narratif que descriptif. On ne sait que peu de choses du quotidien de Floria en dehors du service de chirurgie où elle exerce. Le long-métrage se veut résolument adopter une posture ethnologique, comme si la caméra se confondait avec l’œil d’un sociologue. L’étalonnage est très réussi et rajoute dans les tons bleutés et blancs, du sentiment que nous sommes plongés dans un véritable univers hospitalier. Même le temps du film semble se superposer à celui d’une journée entière où le personnel court d’un lot à l’autre, faisant oublier la durée adaptée d’un film de cinéma.
En première ligne est une œuvre passionnante qui devrait être projetée à tous les décideurs publics. Petra Biondina Volpe, qui est trop peu connue en France, s’affirme comme une talentueuse lanceuse d’alerte. En même temps, son goût de la mise en scène, sa direction d’acteurs et sa rage de raconter des histoires nous font espérer que ses films vont désormais régulièrement rencontrer des salles françaises.
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