Family Business - la critique de la série

Avis : Quand ils ont décidé que Joseph Azan, entrepreneur aux idées fumeuses (nous sommes gentils et ne spoilerons pas l’appli mobile qu’il essaie de vendre à des investisseurs), apprendrait de source « sûre » la légalisation du cannabis en France, les créateurs de la série auraient-ils (peut être) dû mieux vérifier ladite source, avant de l’embarquer dans cette fausse bonne idée ? Oui, la possible légalisation du cannabis est effectivement dans les tuyaux depuis au moins un an (donc bien avant le tournage de Family Business). Toutefois, il n’a jamais été question d’usage « récréatif », mais thérapeutique, sous forme de cachets, gélules, tisanes et certainement pas à fumer *. Que cela donne des idées à Joseph, soit, mais qu’il entraîne dans son histoire sa famille, une fille de ministre et même une célébrité, sans que personne ne remarque ce détail, à nouveau ça ne peut devenir que fumeux pour Joseph et la suite.

Copyright Julien Panie/Netflix

Cette introduction est trop premier degré ? Bon allez, cool, on tire une taffe…

Whooo, Family Business, c’est de la bonne ! De la bonne comédie française avec toutes les bonnes recettes. Déjà, on la charge bien en casting, histoire que dès le premier épisode, le spectateur décolle direct : Gérard Darmon (on ne le présente plus), Liliane Rovere (Dix pour cent), Jonathan Cohen (Coexister, le délirant Serge le mytho), Julia Piaton (Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?, Jour J), Ali Marhyar (Candice Renoir), etc. Bref, que des bonnes têtes sympathiques et connues qui livrent sans surprise de bonnes interprétations, avec petite mention pour Louise Coldefy, sérieusement secouée du bocal. Entre deux bonnes bouffées, le spectateur a droit aux bonnes doses de bonnes répliques et bonnes vannes, dans une bonne ambiance couscous et dérision séfarade, chaque épisode se terminant bien entendu avec une bonne chute, dans l’unique but qu’il sorte le briquet pour rallumer le joint. Mais ça, c’est plutôt une recette de bonne série.

Copyright Julien Panie/Netflix

Et c’est peut être de là que naît une sensation de frustration : le pétard a trop souvent tendance à s’éteindre et à force de le rallumer, l’herbe est moins bonne et on finit par redescendre. À la fin de cette petite teuf qui s’achève un peu vite, 6 épisodes de 30 minutes, on ne sait plus très bien dans quel trip on était : à tirer sur le pitch d’un long métrage trop coupé pour en faire une vraie série, ou celui d’une vraie série, mais dont on a oublié de charger le mélange en développant des personnages et intrigues secondaires, restés au stade d’ébauche.

Résultat ? Cette petite affaire de famille se fume, pardon, se regarde gentiment, car à défaut d’être super bonne, elle reste au stade d’honnête divertissement pour deux soirées binge-watching, sans plus. Nous ne doutons pas que Family Business rencontrera son petit succès et qu’une saison 2 verra certainement le jour. Sauf que selon d’autres sources, a priori « sûres », les coffee-shops en France, ce n’est pas pour demain, et c’est alors tout le « mal » que nous souhaitons à la famille Hazan, histoire d’ajouter une bonne louche d’harissa dans leur futur business.

(*) L’expérimentation du cannabis thérapeutique en vue de sa légalisation est en discussion avancée et le JDD du 30 juin 2019 a publié une lettre ouverte d’un collectif de patients au Président de la République.