Le 5 septembre 2025
Cinéma, littérature, photographie et danse, comme autant d’opportunités d’ouvrir les champs du possible dans ces témoignages de jeunes migrants issus du monde entier. I Am the Future est plus qu’un documentaire, c’est un acte artistique et politique.
- Réalisateur : Rachel Cisinski
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Distributeur : Wayna Pitch
- Durée : 1h38mn
- Date de sortie : 10 septembre 2025
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Résumé : Des rêves plein la tête malgré les difficultés qu’ils rencontrent, quatre jeunes s’interrogent sur leur avenir et celui de leur communauté. Venus de France, Indonésie, Inde et Liban, leurs destins convergent à New York où ils témoignent de leur expérience de la pauvreté aux Nations Unies. Au travers de l’écriture, de la danse, de la photographie et du dessin, les protagonistes posent, avec courage et joie, un œil rare sur les grands défis contemporains.
Critique : New York, c’est la grande métropole américaine, célèbre pour ses virées cinématographiques. C’est aussi, de façon plus prosaïque, le lieu où l’ONU a installé son siège. Et justement, la célèbre organisation a décidé de donner la parole à de jeunes gens issus du monde entier, pour qu’ils témoignent qu’au-delà de leurs parcours personnels, se pose, au quotidien, la pauvreté comme un véritable obstacle à l’expression de leur jeunesse et à la réalisation de leurs projets. C’est donc là qu’intervient la prise de position très personnelle de la réalisatrice, Rachel Cisinski. Elle décide d’ouvrir une page de cinéma qui ne soit pas un énième témoignage misérabiliste de parcours de jeunes, mais un mélange ingénieux de mille et une expressions artistiques qui permettent aux témoignages de ses personnages de revêtir une dimension supérieure.
Car, comme le titre l’indique, I Am the Future est un film sur la jeunesse, qu’elle soit africaine, indonésienne, libanaise ou indienne. Les jeunes femmes portent ici le voile avec une noble élégance, les garçons dansent dans les cours d’école ou dans les rues, et la magie de l’art surgit par leur intermédiaire. Le spectateur assiste ainsi à l’écriture d’un film ou encore, il voit fleurir sur l’écran des images d’animation qui illuminent les paysages aqueux de l’Asie. La question écologique est aussi conviée autour de ces portraits très touchants de jeunes qui militent contre le débordement de la mer dans les villes ou la pollution du plastique. Et évidemment, la question de l’émancipation des femmes est directement interrogée à travers le portrait d’une Indienne qui, manifestement, ne fait pas honneur à sa famille dans ses choix vestimentaires et artistiques.

- Copyright Wayna Pitch
Le distributeur Wayna Pitch oriente ses choix de films sur les questions de jeunesse. Dans un langage très contemporain, I Am the Future prend le parti pris éditorial de rassembler, pendant plus d’une heure trente, tous les enjeux qui traversent les jeunesses du monde. Le propos se veut largement universel et l’usage des arts sous toutes ses formes permet au film d’échapper habilement à la lourdeur du plaidoyer ou la dénonciation politique, qu’il s’agisse de la danse, du dessin, de l’écriture scénaristique ou de la photographie. La réalisatrice met un grand soin à filmer les personnes, les paysages et les villes, faisant de son documentaire une revendication cinématographique avant tout.
I Am the Future fait preuve d’un montage très habile. Si le propos prend à chaque fois ses racines depuis la prise de parole de ces jeunes sur le pupitre de l’ONU, la caméra revient sur les traces quotidiennes de leur vie. La réalisatrice invite le spectateur en Inde, en France, en Indonésie ou au Liban et l’occasion est donnée à chaque fois au spectateur de se reconnaître à travers leur créativité. Le film invite à la tolérance, à l’ouverture d’esprit et, sans doute, depuis notre fauteuil occidental, à relativiser nos existences.

- Copyright Wayna Pitch
I Am the Future a le grand avantage de ne surtout pas s’appesantir sur la misère des personnages que Rachel Cisinski filme. La réalisatrice elle-même, dans son acte de cinéma, s’identifie aux artistes qu’elle met en scène et contribue au combat qu’ils mènent pour la reconnaissance de leurs droits, leur genre et leur dignité. On trouve beaucoup d’espoir dans le courage endossé par ces jeunes qui n’hésitent pas à braver les codes, les normes, pour donner chair à leur créativité.
On peut imaginer que le film sera peu visible sur les écrans. Toutefois, le choix de Wayna Pitch de défendre cette œuvre témoigne du courage de Jonathan Musset en matière d’affirmation d’un cinéma rare, qui donne la parole à des longs métrages pluriels, libres et d’utilité publique. La dernière figure du film, Soumeyraa, raconte justement l’impérieuse nécessité de rendre à chacun le pouvoir et la place qu’il mérite par l’éducation. La beauté termine alors cette œuvre originale avec ces visages lumineux qui semblent à eux seuls des invitations à espérer.
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