Le 20 juillet 2025
Un premier film générationnel prometteur avec, pour fond narratif, l’invariant de l’amour dans un monde qui a changé.
- Réalisateur : Prïncia Car
- Acteurs : Housam Mohamed, Leïa Haïchour, Lou Anna Hamon, Kader Benchoudar, Mortadha Hasni, Achraf Jamai, Nawed Selassie Said
- Genre : Comédie dramatique, Teen movie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Zinc.
- Durée : 1h33mn
- Date de sortie : 16 juillet 2025
- Festival : Festival de Cannes 2025
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Résumé : Marseille en plein été. À vingt ans, Omar et sa bande, moniteurs de centre aéré et respectés du quartier, classent les filles en deux catégories : celles qu’on baise et celles qu’on épouse. Le retour de Carmen, amie d’enfance ex-prostituée, bouleverse et questionne leur équilibre, le rôle de chacun dans le groupe, leur rapport au sexe et à l’amour.
Critique : Les années ont passé, le langage des jeunes s’est fleuri, surtout dans la belle cité phocéenne, creuset du multiculturalisme à la française. Mais s’il y a quelque chose qui transcende toutes les générations, c’est bien l’amour avec ses a priori, doutes, mises en fragilité, malentendus et joies. Omar est sur la pente de la réussite : il va devenir le directeur du centre social qu’il a fréquenté avec ses amis quand il était enfant, il est amoureux d’une jeune fille de dix-sept ans qu’il espère épouser, jusqu’au moment où ressurgit Carmen, libre et belle, qui va bouleverser les équilibres installés dans le groupe.
Carmen n’est pas celle de Bizet ou de Mérimée. Et pourtant, elle bouscule les codes amoureux de par son passé de prostituée. Les garçons, en majorité frustrés ou très apeurés par les choses de l’amour, lui prêtent des intentions qui ne sont pas les siennes. Sa grande liberté résonne avec celle de l’héroïne d’opéra, dans des quartiers populaires de Marseille où les bandes rivales s’opposent, sous couvert de violences et de trafics de drogue. Prïncia Car, dont c’est le premier long-métrage, connaît bien Marseille. Et pour cause, elle y a fait ses études de cinéma et exerce en tant que formatrice dans une école du septième art. Elle invite dans son projet une ribambelle d’acteurs amateurs, tous issus des quartiers populaires de la capitale de la Méditerranée, et qui, pour une fois au cinéma, ne font pas semblant avec l’accent du Sud et le parler jeune. Il y a donc dans ce film une grande authenticité qui a le mérite de montrer une jeunesse souvent stigmatisée, emportée dans les tourments de l’amour, là où on les réduit souvent à la délinquance et la mafia.

- Copyright Zinc
Le titre du film est donné par une chanson parlée de Charline Mignot, alias Vendredi-sur-Mer. En ce sens, le générique de fin apporte au long métrage une résonance très ancrée dans la réalité contemporaine. Il s’agit d’abord d’une œuvre à destination de la jeune génération des banlieues, habituée aux codes vestimentaires, verbaux, musicaux et relationnels. Et pourtant, si un certain nombre de nuances notamment dans les relations garçons-filles, assez inquiétantes, peuvent échapper à la compréhension de spectateurs plus âgés et embourgeoisés, le thème de l’amour apparaît comme un invariant transgénérationnel. Tout y est : la peur de la première relation sexuelle, la bravoure absurde des garçons pour mieux masquer leur embarras, les jeux de séduction des adolescents, l’importance du groupe pour se construire une identité, en somme ce que tous les spectateurs connaîtront ou ont connu dans leur existence.
Il faut souligner l’agilité et le talent des jeunes comédiens qui se prêtent à ce marivaudage amoureux. Il reste à espérer que certain, et notamment Houssam Mohammed qui interprète Omar, Leïa Haïchour et Lou Anna Hamon qui jouent les deux personnages féminins, sauront se faire connaître auprès de castings et continuer leur carrière au cinéma. Ils illuminent l’écran dans une densité solaire qui n’a rien à envier aux interprètes expérimentés.

- Copyright Zinc
Les filles désir est une œuvre incandescente au cœur de l’été marseillais. La mer Méditerranée s’invite au milieu de plans larges d’une grande beauté, permettant d’apercevoir entre autre la fameuse cathédrale de la ville, avec ses formes byzantines. Le film rend hommage à la lumière du sud pour les plus parisiens de spectateurs qui verront là une opportunité évidente au voyage.
De plus, on voyage dans le cœur ému de ces jeunes gens, filmés avec tendresse. On imagine que les dialogues n’ont pas tous été écrits dans le détail, ce qui apporte au récit une candeur et une authenticité remarquables. Les jeunes gens laissent parler leur culture, leur douce jeunesse, leur appartenance à Marseille, avec en récompense la très jolie chanson de Vendredi-sur-Mer qui clôt ces instants d’amour dans une éternité poétique.
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