Le 22 août 2025
Si le film aborde le sujet grave et complexe du rejet d’une mère à l’égard de son nourrisson, le traitement finit par se brouiller dans une ligne quasi fantastique et ambiguë qui perd le spectateur.
- Réalisateur : Mar Coll
- Acteurs : Oriol Pla, Laura Weissmahr, Giannina Fruttero, Belén Cruz, Julie Maes, Clara Garcés, Magali Heu, Neus Moscardo
- Genre : Drame
- Nationalité : Espagnol
- Distributeur : Dulac Distribution
- Durée : 1h51mn
- Date de sortie : 20 août 2025
- Festival : Festival de Locarno 2024
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Résumé : María, une jeune écrivaine qui vient de devenir mère, se passionne pour un fait divers perpétré non loin de chez elle. Obsédée par celle qui a commis l’irréparable, elle cherche à comprendre son geste. L’écriture devient alors son seul moyen d’appréhender l’expérience de sa propre maternité, tandis que l’ombre de cet événement tragique plane sur elle, comme une possibilité vertigineuse.
Critique : María vient de mettre au monde son premier fils, Eric. Elle n’est visiblement pas à l’aise avec les gestes de la maternité et fréquente pour y remédier un groupe de mamans en quête d’apprentissages en matière de nursing. Mais les choses se complexifient immédiatement, quand elle apprend par la télévision qu’une autre mère a sauvagement noyé ses deux jumeaux dans une baignoire. Le récit déroule alors le portrait d’une femme hantée par une sorte de dépression post-partum qui peu à peu la met en situation de rejet de son bébé.
Si les infanticides demeurent des faits criminels rares, ils le sont d’autant plus au cinéma. Le long-métrage s’inspire très librement du roman de Katixa Agirre Pas les mères en tentant de fournir une explication de ces comportements terribles, moins du côté de la psychanalyse ou de la psychologie, que du fantastique. En effet, dès le début du film, on assiste à l’intrusion d’un corbeau qui se met à attaquer la jeune mère dans son appartement modeste. S’agit-il d’un signe avant-coureur d’une malédiction ou plus simplement d’une hallucination qui révèle un état psychiatrique à la dérive ? La réalisatrice ne donne pas toutes les clés de compréhension à sa fiction, hésitant en permanence entre des ressorts dramatiques cliniques la piste d’une sorte de possession inquiétante qui la pousse à éprouver des désirs de mort pour son bébé.

- Copyright Dulac Distribution
Il faut d’abord saluer l’interprétation tout à fait admirable de Laura Weissmarh qui habite son personnage de mère malade avec une grande dignité. Les yeux sont marqués par la fatigue, les expressions du visage se vident peu à peu, et surtout les gestes à l’égard de son enfant deviennent de plus en plus négligents, voire maltraitants. Le père demeure pour sa part un personnage plus fuyant, occupé par sa carrière de chercheur universitaire. Il est incapable de discerner le moindre signe de désarroi de son épouse, et il laisse s’installer le désamour entre María et Eric.
Le jeu louable des acteurs ne parvient hélas pas à combler l’ambivalence de la mise en scène et du message de Mar Coll. En effet, en brouillant les cartes, le scénario se perd dans une illisibilité croissante que la tension provoquée par le comportement de la mère, est censée compenser. L’invraisemblance prend le pas sur un récit qui s’appuie pourtant sur une lecture documentée de la dépression post-partum et de ses conséquences dans le lien mère-enfant. Sans doute, ce trouble est l’objectif recherché de la mise en scène de la réalisatrice, mais un sujet aussi grave ne peut pas se satisfaire d’une telle ambiguïté du propos. La fin hélas ne fait que confirmer cette impression qui, au lieu d’apaiser le spectateur, le laisse résolument sur sa faim.

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Salve María était une œuvre prometteuse sur le papier. Mais on ne peut que regretter un manque de clarté dans les messages transmis par la cinéaste. À cela s’ajoutent des choix assez maladroits, qui donnent à voir de vagues interprétations somatiques du mal-être de la mère. Le bébé ne cesse de vomir, signe grossier du désarroi psychique de la maman, et l’hôpital, au lieu de la prendre en charge, lui restitue immédiatement l’enfant sans aucune question. Les rares soignants qui entourent le couple sont inexistants, malgré les attitudes clairement dangereuses de l’héroïne à l’encontre de son fils.
Bref, ce troisième long-métrage de Mar Coll ne fonctionne pas. Dommage car l’idée était bonne, et l’implication des acteurs exemplaire.
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