Le 14 août 2025
Une réussite du old age movie, à la tonalité semi-documentaire, et qui frappe par sa sobriété et l’épure de sa démarche.
- Réalisateur : Sarah Friedland
- Acteurs : Kathleen Chalfant, Katelyn Nacon, Carolyn Michelle Smith, H. Jon Benjamin, Andy McQueen
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Arizona Distribution
- Titre original : Familiar Touch
- Date de sortie : 13 août 2025
- Festival : Festival de Venise 2024, Festival La Roche-sur-Yon 2024, Champs-Élysées Film Festival 2025
L'a vu
Veut le voir
Résumé : Élégante octogénaire, Ruth Goldman reçoit un homme à déjeuner. Alors qu’elle pense poursuivre le rendez-vous galant vers une destination surprise, elle est menée à une résidence médicalisée. Portée par un appétit de vivre insatiable et malgré sa mémoire capricieuse, Ruth s’y réapproprie son âge et ses désirs.
Critique : Le « old age movie » a été un genre moins prolifique que son pendant jeuniste, le teenage movie. Pourtant, de Place aux jeunes de Leo McCarey à Amour de Michael Haneke ou Mon gâteau préféré (Moghadam, Sanaeeha) en passant par Un dimanche à la campagne de Bertrand Tavernier, le cinéma a offert plusieurs pépites. La médiatisation de la maladie d’Alzheimer et de la dépendance en tant que phénomènes sociétaux majeurs a été à l’origine de plusieurs films ayant abordé ce thème. L’un des plus réussis reste à ce titre The Father de Florian Zeller, d’après sa pièce. Plus modeste par ses moyens mais tout aussi ambitieux dans son propos, À feu doux, présenté dans plusieurs festivals dont Venise et La Roche-sur-Yon, est le premier long métrage de la réalisatrice et chorégraphe américaine Sarah Friedland, ancienne assistante de Steve McQueen et Kelly Reichardt. Mais tout en axant son récit sur les troubles du troisième âge, elle a souhaité que son film ait un impact intergénérationnel, précisant dans le dossier de presse : « J’aimerais que le public quitte la salle avec une vision différente du rôle d’aidant, qu’il prenne conscience de sa valeur et de la façon dont ces personnes nous accompagnent. Nous avons tous fait l’expérience d’être pris en charge à un moment de nos vies et il y a de fortes chances pour que la plupart d’entre nous deviennent aidants à leur tour. Je voudrais que le public sente ce lien qui rend nos vies possibles. J’espère aussi que certains sortiront de la salle plus liés à leur propre incarnation et avec ce que signifie vieillir. Nous avons trop tendance à considérer les personnes âgées comme des versions diminuées de nous-mêmes. J’aimerais que les plus jeunes se sentent liés à Ruth et reconnaissent quelque chose d’eux en elle, qu’ils voient la continuité de sa vie. »

- © 2025 Arizona Distribution. Tous droits réservés.
Car la réalisatrice a toujours été intéressée par les problèmes de perte de mémoire inhérents aux personnes âgées, en raison de son vécu familial ; elle a par ailleurs connu une activité d’aide-soignante auprès de vieux artistes atteints de démence. De là est né le scénario d’À feu doux, même si le personnage de Ruth n’a pas travaillé dans l’art mais la grande cuisine. L’écriture de la narration est certes minimaliste : placement d’une vieille dame dans un EHPAD, difficultés à s’approprier les rituels du quotidien, déni de la maladie, relation avec les soignants, activités physiques et ludiques pour l’aide cognitive, mini-fugue… Rien de transcendant et de nouveau pour qui a pu être témoin du vécu de ces pensionnaires. Mais l’essentiel n’est pas là : la réalisatrice a mêlé à ses interprètes professionnels de véritables résidents et personnels soignants d’un établissement spécialisé, qui ont contribué à l’élaboration de l’écriture du film, apportant une tonalité à la fois réaliste et décalée au dispositif. On songe au récent documentaire Les esprits libres de Bertrand Hagenmüller qui relatait lui aussi, avec bienveillance, poésie et humour, le statut des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.

- © 2025 Arizona Distribution. Tous droits réservés.
Épuré et attachant, À feu doux ne néglige pas le style et la mise en scène, avec notamment une première séquence qui pourra convoquer le souvenir du Jeanne Dielman… d’Akerman, lorsque Ruth prépare le repas pour un invité (mais rassurons certains lecteurs en précisant que la durée de ce passage reste relativement raisonnable et que l’ensemble du long métrage ne dépasse les quatre-vingt-dix minutes…) On pourra certes objecter que plusieurs svènes (l’accueil le premier jour, la réaction des employés au restaurant) manquent parfois de vraisemblance, ce qui pourra paraître gênant pour un long métrage se voulant didactique et cherchant à faire évoluer les mentalités. De plus, l’établissement qui nous est montré semble cossu et non représentatif de la majorité de ces centres d’hébergement et de soin, même si la maladie franchit les barrières de classe. Ces réserves minimes n’occultent pas la réussite réelle du film qui de surcroît révèle une fringante comédienne octogénaire, Kathleen Chalfant, jusque-là surtout connue dans le milieu théâtral. À feu doux lui apporte une consécration cinématographique tardive, au même titre que, par le passé, Jessica Tandy ou Tsilla Chelton.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.



















