Critique

LIVRE

Albert Black - Fiona Kidman - critique du livre

Le 29 avril 2021

La grande romancière néo-zélandaise Fiona Kidman rouvre le procès "Albert Black", du nom de ce jeune homme condamné à la pendaison pour le meurtre d’un homme. Où l’on s’aperçoit des manquements, des mensonges et de l’injustice de la peine capitale.

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  • Kirzy 9 mai 2021
    Albert Black - Fiona Kidman - critique du livre

    Albert Black n’est pas un de ces romans spectaculaires et musclés qui vous emportent d’emblée dans leur récit, mais un de ceux qui s’immiscent en vous en toute subtilité et y laisse un empreinte forte.

    Fiona Kidman s’est inspirée de faits réels : en décembre 1955, un immigré irlandais de tout juste vingt ans, Albert Black, est pendu à la potence d’une prison d’Auckland pour avoir poignardé et tué un autre jeune migrant. La peine de mort venait d’être rétablie en Nouvelle-Zélande il y a quelques années à peine. Et ce fut l’avant-dernière exécution dans le pays ; elle a joué un rôle majeur dans la mise en place de l’abolition de la peine de mort en 1961.

    Le contexte est parfaitement cadré, un Auckland de bas quartiers lugubres, entouré de squats sordides et de bars miteux, dans une Nouvelle-Zélande sous le choc du rapport Mazengarb ( 1954 ) qui stigmatise une jeunesse débauchée, sans repères religieux, en proie à toutes sortes de dépravations ( sexualité débridée, alcoolisme, bagarres ). le gouffre générationnel est énorme. le tout sous la gouverne du Premier ministre réactionnaire et nationaliste Sidney Holland qui déverse sa xénophobie sur ces immigrés venus d’Europe. Black devient le représentant de cette jeunesse délinquante et étrangère à punir.

    S’il est difficile pour un lecteur peu au fait de cette affaire judiciaire de tracer une frontière entre fiction et faits avérés, le sujet est puissant et on sent à quel point il touche profondément l’auteure. Pourtant, plutôt que d’asséner des vérités, elle choisir de laisser parler les faits pour eux-mêmes, sans jamais empiéter sur le point de vue du lecteur, sans sentimentalisme lourdaud ni sentences condamnatoires. Et c’est ce qui fait la force de ce roman. Elle fait ressortir toute la complexité des faits, entre ombre et éclat, sans prêcher ou chercher la polémique.

    Fiona Kidman ne crie pas ses conclusions ou son plaidoyer contre la peine de mort. Elle avance sans artifice. Elle se concentre sur la fragilité de la condition humaine : le déracinement du migrant et sa difficile insertion, le bouillonnement et la faiblesse de la jeunesse qui commet des erreurs parfois stupides, le mécanisme de rejet de l’autre. Les moments les plus beaux sont ceux qui dévoile la vulnérabilité voire la candeur de Black, jeune homme brisé pourtant peu aimable a prime abord entouré de personnages tout aussi peu aimables. Il a notre sympathie mais notre empathie, ce qui renforce la prouesse de l’auteure qui n’a pas choisi la facilité. Et lorsque la sentence irrévocable est prononcée, attendue dès le départ, on découvre les lettres qu’il a écrites en prison ( authentiques si j’ai bien compris ) et on est bouleversés. D’autant plus que l’auteure met très habilement en éclairage sa mère, restée à Belfast, qui fouille dans les poches des vêtements d’enfance de son fils, submergés par les souvenirs ainsi convoqués. Superbe.

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