Le 29 mai 2019
Un nanar estampillé eighties. Delon croyait revenir en bonne santé. Il se caricature dans un film qui ressemble quasiment à un sketch.


- Réalisateur : José Pinheiro
- Acteurs : Alain Delon, Vincent Lindon, Jean-François Stévenin, Jacques Perrin, Fiona Gélin
- Genre : Policier / Polar / Film noir, Nanar
- Nationalité : Français
- Date de sortie : 21 août 1985

Résumé : Daniel Pratt, ancien policier, vit en Afrique quand il apprend que sa fille a été assassinée à Lyon. Il revient en France pour la venger.
Notre avis : Delon et Belmondo ont passé les années 80 à jouer les mâles sudoripares et body-buildés, dans des films affligeants, uniquement construits sur leur notoriété respective. Bien leur en a pris, puisque la majorité de ces nanars ont connu le succès. A l’époque déjà, ces apologies sexistes avaient du mal à passer. Aujourd’hui, ces longs métrages sont à peu près irregardables. Esthétiquement minable, mal joué, mal dialogué, Parole de flic est un étalon de cette décadence cinématographique qui accabla quelques-unes des gloires d’antan (il faut voir aussi ce qu’Annie Girardot tournait à la même période). De plus, ce long métrage est lesté d’un discours idéologique absolument nauséabond, qui fait l’apologie de l’auto-défense ou de la vengeance, c’est selon. Le schéma privilégié est complètement calqué sur celui d’Un justicier dans la ville : un ancien flic répare lui-même le préjudice qu’il a subi, s’en prend aux assassins de sa fille. Le scénario ne pèse déjà pas bien lourd, le reste est à l’avenant et à la gloire de son acteur principal, qui sortait d’un échec, avec un film plus audacieux et plus intéressant, peut-être le seul potable de sa décennie artistiquement pitoyable : Notre histoire.
Refroidi par cet insuccès, le comédien veut tout de suite montrer qu’il reste au top. Le show débute sous le soleil d’Afrique : Daniel Pratt, alias Alain Delon, torse nu, muscles saillants, dans un combat au corps à corps avec un Congolais, triomphe de toute sa puissance, tandis que la population locale l’observe avec admiration. Symboliquement, ces premiers plans sont déjà chargés, mais que dire de la suite ? Apprenant la mort de sa fille, le héros balance un petit garçon qu’il portait sur ses épaules, comme un vulgaire objet, et quelques instants plus tard, il enjambe une Noire qui se roule par terre, en hurlant son désespoir. Sans doute assailli par un remords humaniste, il revient vers elle, afin de sécher ses larmes. Puis il file à l’aéroport. En portant sans doute le parfum de l’acteur.
Le retour en France permet de compléter la panoplie ultra-réac : après le néo-colonialisme, le machisme. Rapidement repéré par une jeune fliquette, Pratt cherche beaucoup plus à l’impressionner qu’à coopérer avec elle, à la lumière de sa rationalité triomphante. Entre quelques séances d’entraînement au club de boxe et quelques postures don-juanesques, avec certes moins de gracilité que le héros littéraire, notre ange exterminateur s’attaque aux criminels dans des combats singuliers, dont la violence se veut l’exaltation d’une haine bestiale - il n’y a qu’à entendre le cri que pousse le protagoniste, lorsqu’il parvient à échapper aux policiers (car, oui même la police finit par lui en vouloir). Dans la dernière partie du film, là encore symboliquement, Alain Delon se déguise en clown. Le cirque : c’est vraiment l’endroit où cet infâme brouet devait se terminer.
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FrancoisP 4 octobre 2023
Parole de flic - la critique du film
Vu au cinéma lors de la 7ème édition de la nuit Nanrland au Grand Rex, ce film est la pépite de la soirée. Un Delon en roue libre dans une ambiance ultra eighties. A regarder avec une bonne dose de second degré !