Commerce mortel - Urs Egger - critique du téléfilm

Critique : Inspiré d’une histoire vraie, ce téléfilm évoque le destin de ces patients de la RDA que l’industrie pharmaceutique de la RFA avait utilisés comme cobayes, à la fin des années 80, avec la complicité du régime communiste allemand. Ce scandale sanitaire prend la forme plus intime d’une expérience vécue, celle de Kati, adolescente touchée par la sclérose en plaques, avec, dès les scènes initiales, l’évocation des premiers symptômes de cette pathologie auto-immune (picotements dans les membres, troubles visuels), jusqu’à l’IRM qui livre le verdict implacable.
Parallèlement, on suit les activités de l’implacable officier Glaser, au service de la Stasi. Son statut lui permet de mener des investigations, qui accroissent ses doutes sur une entreprise mortifère, dont les instigateurs sont des cols blancs, requis par des enjeux de concurrence économique. L’adhésion sans failles du héros à l’idéologie du gouvernement est-allemand va en prendre un sacré coup...
"Science sans conscience n’est que ruine de l’âme", disait déjà Rabelais au XVIe siècle et ce téléfilm a le mérite de révéler une affaire peu connue où l’éthique médicale est absolument méprisée, où certains hommes, abandonnant un idéal socialiste, pour peu qu’ils y aient un jour cru, ne crachent pas sur une conversion soudaine à la logique néolibérale, percevant des millions en devises étrangères.
Mais la mise en scène rate globalement les séquences pathétiques ou plus sentimentales, déçoit aussi ses velléités de thriller haletant, la faute à une réalisation médiocre, au rythme trop languide, et à des personnages dont la psychologique s’avère malheureusement sommaire.
Prototype du téléfilm généreux, mais illustratif, Commerce mortel ronronne un peu trop pour mobiliser totalement l’attention du spectateur.