Le 23 juin 2025
Un polar insolite, dont le découpage subtil en deux parties est l’un des atouts, et qui propose une vision plutôt sombre de l’évolution de la société chinoise.


- Réalisateur : Zhang Ji
- Acteurs : Lü Yulai, Ting Mei , Zhou Dongyu, Liu Haoran, Yuan Hong
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Chinois
- Distributeur : Memento Distribution
- Durée : 1h41mn
- Titre original : Ping yuan shang de huo yan
- Date de sortie : 9 juillet 2025
- Festival : Festival San Sebastian 2021

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– Année de production : 2021
Résumé : Chine, 1997. Une série de meurtres endeuille la ville de Fentun. Les crimes s’arrêtent mystérieusement sans que les autorités aient pu élucider l’affaire. Huit ans plus tard, un jeune policier, proche d’une des victimes, décide de rouvrir l’enquête.
Critique : Présenté dans plusieurs festivals dont Saint-Sébastien, Des feux dans la plaine a dû attendre quatre ans pour connaître une sortie française, initiative que l’on doit au distributeur Memento. Il est coproduit par Yi’nan Diao, réalisateur de Black Coal et du Lac aux oies sauvages. On retrouve d’ailleurs l’atmosphère de ses films, mais ce n’est pas lui qui est derrière la caméra. Il s’agit du premier long métrage de Zhang Ji, jusque-là directeur de la photographie. Adapté d’un court roman de Shuang Xuetao intitulé Moïse dans la plaine (titre chinois du film), le scénario coécrit par Zhang Ji en a simplifié la trame. Dans le matériau initial, des flash-back permettaient de remonter aux années 60, pour expliquer le parcours de certains protagonistes, le roman ayant eu pour projet de traverser plusieurs décennies d’histoire chinoise, en brassant trois générations. Davantage resserrée, l’intrigue du film a fait des choix davantage suggestifs et elliptiques. Zhang Ji précise ainsi dans le dossier de presse : « En adaptant le roman au cinéma, nous avons réorganisé et tressé différemment personnages, circonstances et faits, afin d’observer les bouleversements et les vicissitudes de deux familles sous l’effet des temps qu’elles vivent. Pour des raisons compréhensibles, le scénario a résumé la partie de l’histoire originale relative à la Révolution culturelle, et fait de Li Fei et Zhuang Shu les personnages principaux du film. »
- © 2025 Memento Distribution. Tous droits réservés.
Ces deux protagonistes, les plus jeunes de la narration, sont incarnés par et Zhou Dongyu et Liu Haoran, qui interprèteront également deux des jeunes gens d’Un hiver à Yanji. Zhuan Shu est un chômeur qui commet des déviances en compagnie d’une bande de pote désœuvrés. Li Fei est sa voisine qui vit avec son père. Ces deux derniers sont très proches de la famille de Zhan Shu et les deux post-adolescents semblent vivre le début d’une idylle. Leur amour va être contrarié par le désir de la jeune fille de quitter leur ville, Fentun, mais aussi par une série d’événements. D’une part, la désindustrialisation augmente la précarité, la délinquance et les magouilles, et les deux familles vont être touchées ; d’autre part, une série de meurtres de chauffeurs de taxi crée un sentiment d’insécurité, et une partie de l’histoire est axée sur l’enquête menée par un policier intègre. L’un des mérites du film est de mêler avec adresse thriller et drame social, comme avaient su le faire dès le début du cinéma parlant des œuvres hollywoodiennes signées LeRoy ou Hawks. En ce sens, la toile de fond du récit fait écho aux préoccupations manifestées par Jia Zhangke (Les feux sauvages), concernant les mutations de la Chine.
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Le filtre du polar et du mélodrame permet à Zhang Ji une belle distanciation, même si l’histoire est limpide dans son déroulement (il y a bien quelques zones d’ombre et invraisemblances mais cela n’est plus un problème dans le thriller depuis Le grand sommeil). Le second atout du film est un retournement surprenant, qui entraîne une rupture dans le fil du récit, même s’il ne faut pas s’attendre pour autant à un pitch à la Psychose. Enfin, le cinéaste témoigne d’un réel sens de l’atmosphère : des usines où se négocient d’étranges transactions aux saunas glauques où se cachent d’anciens criminels, en passant par des commissariats où la drague se pratique autant que la baston, l’univers décrit par le réalisateur balaie les tréfonds de la noirceur humaine. Et une jeune femme mutilée manipulée par son paternel pourra convoquer le souvenir des Yeux sans visage, pépite sombre et poétique. On peut juste espérer que le réalisateur se libère un peu des tentations de l’exercice de style et de la métaphore (la symbolique des flammes, à multiples niveaux toutefois). Des feux dans la plaine n’en demeure pas moins un bel objet prometteur.
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