Le 21 avril 2025
L’ivresse au féminin servie dans un grand verre d’espoir et de solidarité, additionnée
d’une pointe salutaire d’ironie.


- Réalisateurs : Elsa Bennett - Hippolyte Dard
- Acteurs : Clovis Cornillac, Michèle Laroque, Sabrina Ouazani, Valérie Bonneton, Isabelle de Hertogh, Myriem Akheddiou
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Wild Bunch Distribution
- Durée : 1h44mn
- Date de sortie : 23 avril 2025
- Festival : Festival Alpe d’Huez 2025

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Résumé : À la suite d’un accident de voiture, Suzanne perd la garde de ses trois enfants. Elle n’a plus le choix et doit se soigner dans un centre pour alcooliques. À peine arrivée, elle y rencontre Alice et Diane, deux femmes au caractère bien trempé… Denis, éducateur sportif, va tenter de les réunir autour du même objectif : participer au rallye des Dunes dans le désert marocain. Il devra s’armer de beaucoup de patience et de pédagogie pour préparer cet improbable équipage à atteindre son objectif.
Critique : Le cinéma, buvard de la société, s’empare souvent des problématiques qui la composent. L’alcoolisme est l’une d’entre elles. S’il a souvent traité de cette addiction au masculin, plus rares sont les films qui s’intéressent à ce penchant destructeur au féminin, le sujet restant largement tabou, tant dans la société que dans les familles. Un oubli qu’Elsa Bennett et Hippolyte Dard, trop souvent témoins de situations difficiles liées à cette dépendance à l’alcool et à la honte qui en découle, ont souhaité réparer. Traiter d’une question aussi sensible sans tomber dans la caricature, tout en préservant réalisme et harmonie, exige dextérité et tact. En relatant avec justesse les conséquences de cette accoutumance néfaste sur le quotidien des personnes concernées et de leur entourage, en s’arrêtant avec tendresse sur leurs failles mais aussi sur leur combat pour s’en sortir, notre duo de réalisateurs, aidé par un casting de choc, y parvient parfaitement.
- Copyright Jo Voets
Valérie Bonneton porte haut et fort cette comédie qu’elle fait osciller entre drame et sourire. Suzanne, personnage principal, tente de concilier seule éducation des enfants et vie professionnelle depuis le décès de son mari. Pour noyer sa solitude et affronter ses obligations, elle a pris l’habitude d’avoir recours à quelques boissons fortes qu’elle dissimule précautionneusement au fond de placards. Même si la culpabilité la ronge, elle n’a rien trouvé d’autre pour tenir le coup. Jusqu’au jour où les services sociaux lui retirent ses enfants et qu’elle décide d’intégrer un centre spécialisé. Elle y rencontre Alice (Sabrina Ouazani), une jeune femme délurée qui, entre hargne et désaveu, n’engendre pas l’ennui ; tandis que Diana (Michèle Laroque), drapée dans sa dignité d’actrice bafouée, se résout difficilement à admettre les ravages de son addiction sur sa carrière autant que sur sa vie privée. Trois formes d’alcoolisme dont le dénominateur commun est de présenter des femmes qui boivent pour faire taire une souffrance.
Pourtant, il n’est nullement question ici de juger ou de tourner en dérision. Bien au contraire, il s’agit d’insuffler l’espoir vers des jours meilleurs. Les témoignages de femmes réellement alcooliques mêlés à la complicité de nos trois actrices apportent leur part d’authenticité, tandis que les soignants, toujours prêts à dénouer des situations souvent compliquées mais aussi parfois cocasses, équilibrent le récit entre spontanéité et pragmatisme. Cette humanité nécessaire est incarnée à point nommé par Clovis Cornillac, devenu Denis, coach en mécanique, chargé de la cohésion et de la motivation du groupe qu’il prépare à un rallye automobile dans le désert.
- Copyright Jo Voets
La mise en scène accompagne cette métamorphose. Les murs étroits et froids de l’établissement de santé, symbolisant l’enfermement du à la maladie, s’ouvrent pour laisser entrer la lumière chaude des paysages du désert. Cet intermède coloré, si chaleureux soit-il, se perd néanmoins dans des péripéties techniques qui affaiblissent la force émotionnelle.
Jouant avec les limites du documentaire, Des jours meilleurs n’a d’autre but que d’ouvrir la réflexion, sans jugement ni misérabilisme, sur un sujet encore ignoré, et donner de l’espoir à celles qui souffrent en silence.
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